ontre la disposition qui
punissait du bannissement l'abus que les royalistes faisaient de la
presse. De leur cote les patriotes, reduits aux abois, meditaient un
projet desespere. Le supplice de Fouquier-Tinville, condamne avec
plusieurs jures du tribunal revolutionnaire, pour la maniere dont il
avait exerce ses fonctions, avait pousse leur irritation au comble.
Quoique decouverts dans leur projet du 29 germinal, et dejoues recemment
dans une seconde tentative qu'ils firent pour mettre toutes les
sections en permanence, sous le pretexte de la disette, ils n'en
conspiraient pas moins dans les differens quartiers populeux. Ils
avaient fini par former un comite central d'insurrection, qui residait
entre les quartiers Saint-Denis et Montmartre, dans la rue Mauconseil.
Il etait compose d'anciens membres des comites revolutionnaires, et de
divers individus de la meme espece, presque tous inconnus hors de leur
quartier. Le plan d'insurrection etait suffisamment indique par tous les
evenemens du meme genre: mettre les femmes en avant, les faire suivre
par un rassemblement immense, entourer la convention d'une telle
multitude qu'elle ne put etre secourue, l'obliger de rejeter les
soixante-treize, de rappeler Billaud, Collot et Barrere, d'elargir les
deputes detenus a Ham, et tous les patriotes renfermes, de mettre la
constitution de 93 en vigueur, et de donner une nouvelle commune a
Paris, de recourir de nouveau a tous les moyens revolutionnaires, au
_maximum_, aux requisitions, etc..., tel etait le plan des patriotes.
Ils le redigerent en un manifeste compose de onze articles, et publie
_au nom du peuple souverain rentre dans ses droits_. Ils le firent
imprimer le 30 floreal au soir (19 mai), et repandre dans Paris. Il
etait enjoint aux habitans de la capitale de se rendre en masse a la
convention, en portant sur leurs chapeaux ces mots: _Du pain et la
constitution de 93_. Toute la nuit du 30 floreal au 1er prairial (20
mai) se passa en agitations, en cris, en menaces. Les femmes couraient
les rues en disant qu'il fallait marcher le lendemain sur la convention,
qu'elle n'avait tue Robespierre que pour se mettre a sa place, qu'elle
affamait le peuple, protegeait les marchands qui sucaient le sang du
pauvre, et envoyait a la mort tous les patriotes. Elles s'encourageaient
a marcher les premieres, parce que, disaient-elles, la force armee
n'oserait pas tirer sur des femmes.
Des le lendemain[3], en effet, a la pointe du jour, le t
|