pagnies du Soleil_, et _compagnies de Jesus_,
devaient parcourir les campagnes, ou penetrer dans les villes, et
egorger les patriotes retires dans leurs terres ou detenus dans les
prisons. Les pretres deportes rentraient aussi par cette frontiere, et
s'etaient deja repandus dans toutes les provinces de l'Est; ils
declaraient nul tout ce qu'avaient fait les pretres assermentes; ils
rebaptisaient les enfans, remariaient les epoux, et inspiraient au
peuple la haine et le mepris du gouvernement. Ils avaient soin cependant
de se tenir pres de la frontiere, afin de la repasser au premier signal.
Ceux qui n'avaient pas ete frappes de deportation, et qui jouissaient en
France d'une pension alimentaire, et de la permission d'exercer leur
culte, n'abusaient pas moins que les pretres deportes de la tolerance du
gouvernement. Mecontens de dire la messe dans des maisons ou louees ou
pretees, ils ameutaient le peuple, et le portaient a s'emparer des
eglises, qui etaient devenues la propriete des communes. Une foule de
scenes facheuses avaient eu lieu pour ce sujet, et il avait fallu
employer la force pour faire respecter les decrets. A Paris, les
journalistes vendus au royalisme, et pousses par Lemaitre, ecrivaient
avec plus de hardiesse que jamais contre la revolution, et prechaient
presque ouvertement la monarchie. L'auteur du _Spectateur_, Lacroix,
avait ete acquitte des poursuites dirigees contre lui, et depuis, la
tourbe des libellistes ne craignait plus le tribunal revolutionnaire.
Ainsi, les deux partis etaient en presence, tout prets a un engagement
decisif. Les revolutionnaires, resolus a porter le coup dont le 12
germinal n'avait ete que la menace, conspiraient ouvertement. Ils
tramaient des complots dans chaque quartier, depuis qu'ils avaient perdu
les chefs principaux, qui seuls meditaient des desseins pour tout le
parti. Il se forma une reunion chez un nomme Lagrelet, rue de Bretagne:
on y agitait le projet d'exciter plusieurs rassemblemens, a la tete
desquels on mettrait Cambon, Maribon-Montaut et Thuriot; de diriger les
uns sur les prisons pour delivrer les patriotes, les autres sur les
comites pour les enlever, d'autres, enfin sur la convention pour lui
arracher des decrets. Une fois maitres de la convention, les
conspirateurs voulaient lui faire reintegrer les deputes detenus,
annuler la condamnation portee contre Billaud-Varennes, Collot-d'Herbois
et Barrere; exclure les soixante-treize, et proclamer sur-le-champ la
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