veler les lois contre les emigres et les
pretres deportes, d'instituer des peines contre l'ouverture des eglises
et contre les pamphlets royalistes; mais des lois penales sont de
faibles garanties contre des partis prets a fondre l'un sur l'autre. Le
depute Thibaudeau pensa que l'organisation des comites de gouvernement
depuis le 9 thermidor etait trop faible et trop relachee. Cette
organisation, etablie au moment ou la dictature venait d'etre renversee,
n'avait ete imaginee que dans la peur d'une nouvelle tyrannie. Aussi a
une tension excessive de tous les ressorts avait succede un relachement
extreme. On avait restitue a chaque comite son influence particuliere,
pour detruire l'influence trop dominante du comite de salut public, et
il etait resulte de cet etat de choses des tiraillemens, des lenteurs,
et un affaiblissement complet du gouvernement. En effet, si des troubles
survenaient dans un departement, la hierarchie voulait qu'on ecrivit au
comite de surete generale; celui-ci appelait le comite de salut public,
et dans certains cas celui de legislation; il fallait attendre que ces
comites fussent complets pour se reunir, et ensuite qu'ils eussent le
temps de conferer. Les reunions devenaient ainsi presque impossibles, et
trop nombreuses pour agir. Fallait-il envoyer seulement vingt hommes de
garde, le comite de surete generale, charge de la police, etait oblige
de s'adresser au comite militaire. On sentait maintenant quel tort on
avait eu de s'effrayer si fort de la tyrannie de l'ancien comite de
salut public, et de se precautionner contre un danger desormais
chimerique. Un gouvernement ainsi organise ne pouvait que
tres-faiblement resister aux factions, et ne leur opposer qu'une
autorite impuissante. Le depute Thibaudeau proposa donc une
simplification du gouvernement; il demanda que les attributions de tous
les comites fussent reduites a la simple proposition des lois, et que
les mesures d'execution appartinssent exclusivement au comite de salut
public; que celui-ci reunit la police a ses autres fonctions; que par
consequent le comite de surete generale fut aboli; qu'enfin le comite de
salut public, charge ainsi de tout le gouvernement, fut porte a
vingt-quatre membres pour suffire a l'etendue de sa nouvelle tache. Les
poltrons de l'assemblee, toujours prompts a s'armer contre les dangers
impossibles, se recrierent contre ce projet, et dirent qu'il renouvelait
l'ancienne dictature. La carriere ouverte aux esprits,
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