ens royaumes de Lorraine,
de Bourgogne et d'Arles, n'eussent point ete reunis a la domination
francaise; et il est difficile de croire que, sans la puissante
diversion et l'intervention decidee de la France, on ne fut pas enfin
parvenu a etouffer la liberte helvetique dans son berceau." La
neutralite de la Suisse venait en effet de rendre un service eminent a
la France, et avait contribue a la sauver. A ces pensees M. Ochs en
ajoutait d'autres non moins elevees. "On admirera peut-etre un jour,
disait-il, ce sentiment de justice naturelle qui, nous faisant abhorrer
toute influence etrangere dans le choix de nos formes de gouvernement,
nous interdisait par-la meme de nous eriger en juges du mode
d'administration publique choisi par nos voisins. Nos peres n'ont
censure ni les grands feudataires de l'empire germanique pour avoir
ravale la puissance imperiale, ni l'autorite royale de France pour avoir
comprime les grands feudataires. Ils ont vu successivement les
etats-generaux representer la nation francaise; les Richelieu, les
Mazarin se saisir du pouvoir absolu; Louis XIV deployer a lui seul la
puissance entiere de la nation; et les parlemens pretendre partager, au
nom du peuple, l'autorite publique; mais jamais on ne les entendit,
d'une voix temeraire, s'arroger le droit de rappeler le gouvernement
francais a telle ou telle periode de son histoire. Le bonheur de la
France fut leur voeu, son unite leur espoir, l'integrite de son
territoire leur appui."
Ces principes si eleves et si justes etaient la critique severe de la
politique de l'Europe, et les resultats que la Suisse en recueillait
etaient une assez frappante demonstration de leur sagesse. L'Autriche,
jalouse de son commerce, voulait le gener par un cordon; mais la Suisse
reclama aupres du Wurtemberg et des etats voisins, et obtint justice.
Les puissances italiennes souhaitaient la paix, celles du moins que leur
imprudence pouvait exposer un jour a de facheux resultats. Le Piemont,
quoique epuise, avait assez perdu pour desirer encore de recourir aux
armes. Mais la Toscane, entrainee malgre elle a sortir de sa neutralite,
par l'ambassadeur anglais qui, la menacant d'une escadre, ne lui avait
donne que douze heures pour se decider, la Toscane etait impatiente de
revenir a son role, surtout depuis que les Francais etaient aux portes
de Genes. En consequence, le grand-duc avait ouvert une negociation qui
venait de se terminer par un traite le plus aise de tous a co
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