eraient obliges de traiter isolement
pour leur surete personnelle. De son cote, l'Autriche adressa des
reflexions tres ameres a la diete; elle dit qu'elle desirait la paix
autant que personne, mais qu'elle la croyait impossible; qu'elle
choisirait le moment convenable pour en traiter, et que les etats de
l'Empire trouveraient beaucoup plus d'avantages a se confier a l'antique
foi autrichienne qu'a des puissances parjures qui avaient manque a tous
leurs engagemens. La diete, pour paraitre se preparer a la guerre, tout
en demandant la paix, decreta pour cette campagne le quintuple
contingent, et stipula que les etats qui ne pourraient fournir des
soldats auraient la faculte de s'en dispenser en donnant 240 florins
par homme. En meme temps elle decida que l'Autriche, venant de se lier
avec l'Angleterre pour la continuation de la guerre, ne pouvait etre
mediatrice de la paix, et resolut de confier cette mediation a la
Prusse. Il ne resta plus a determiner que la forme et la composition de
la deputation.
Malgre ce vif desir de traiter, l'Empire ne le pouvait guere en masse;
car il devait exiger, pour ses membres depouilles de leurs etats, des
restitutions que la France n'aurait pu faire sans renoncer a la ligne du
Rhin. Mais il etait evident que, dans cette impossibilite de traiter
collectivement, chaque prince se jetterait dans les bras de la Prusse,
et ferait, par cet intermediaire, sa paix particuliere.
Ainsi, la republique commencait a desarmer ses ennemis, et a les forcer
a la paix. Il n'y avait de bien resolus a la guerre que ceux qui avaient
fait de grandes pertes, et qui n'esperaient pas recouvrer par des
negociations ce qu'ils venaient de perdre par les armes. Telles devaient
etre les dispositions des princes de la rive gauche du Rhin depouilles
de leurs etats, de l'Autriche privee des Pays-Bas, du Piemont evince de
la Savoie et de Nice. Ceux, au contraire, qui avaient eu le bon esprit
de garder la neutralite, s'applaudissaient chaque jour, et de leur
sagesse, et des avantages qu'elle leur valait. La Suede et le Danemark
allaient envoyer des ambassadeurs aupres de la convention. La Suisse,
qui etait devenue l'entrepot du commerce du continent, persistait dans
ses sages intentions, et adressait, par l'organe de M. Ochs, a l'envoye
Barthelemy ces belles paroles: "Il faut une Suisse a la France, et une
France a la Suisse. Il est, en effet, permis de supposer que, sans la
confederation helvetique, les debris des anci
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