voulait s'y faire transporter, pour
etre plus voisin de la Vendee et de Charette, qui etait son heros. De
leur cote, les agens de Paris s'etaient mis en rapport avec un emissaire
de l'Espagne, qui les avait engages a se servir de cette puissance, et
leur avait promis qu'elle ferait pour Monsieur et pour Charette ce que
l'Angleterre projetait pour le comte d'Artois et pour Puisaye. Mais il
fallait attendre qu'on put transporter Monsieur des Alpes aux Pyrenees,
par la Mediterranee, et preparer une expedition considerable. Les
intrigans de Paris etaient donc tout a fait portes pour l'Espagne. Ils
pretendaient qu'elle effarouchait moins les Francais que l'Angleterre,
parce qu'elle avait des interets moins opposes; que d'ailleurs elle
avait deja gagne Tallien, par sa femme, fille du banquier espagnol
Cabarrus; ils osaient meme dire qu'on etait sur de Hoche, tant
l'imposture leur coutait peu pour donner de l'importance a leurs
projets! Mais l'Espagne, ses vaisseaux, ses troupes, n'etaient rien
suivant eux au prix des beaux plans qu'ils pretendaient nouer dans
l'interieur. Places au sein de la capitale, ils voyaient se manifester
un mouvement d'indignation prononce contre le systeme revolutionnaire.
Il fallait, disaient-ils, exciter ce mouvement, et tacher de le faire
tourner au profit du royalisme; mais pour cela les royalistes devaient
se montrer le moins redoutables possible, car la Montagne se fortifiait
de toutes les craints qu'inspirait la contre-revolution. Il suffirait
d'une victoire de Charette, d'une descente des emigres en Bretagne, pour
rendre au parti revolutionnaire la force qu'il avait perdue, et
depopulariser les thermidoriens dont on avait besoin. Charette venait de
faire la paix; mais il fallait qu'il se tint pret a reprendre les armes;
il fallait que l'Anjou, que la Bretagne, parussent ainsi se soumettre
pour un temps; que pendant ce temps on seduisit les chefs du
gouvernement et les generaux, qu'on laissat les armees passer le Rhin,
et s'engager en Allemagne, puis, que tout a coup on surprit la
convention endormie, et qu'on proclamat la royaute dans la Vendee, dans
la Bretagne, a Paris meme. Une expedition de l'Espagne, portant le
regent, et concourant avec ces mouvemens simultanes, pourrait alors
decider la victoire de la royaute. Quant a l'Angleterre, on ne devait
lui demander que son argent (car il en fallait a ces messieurs), et la
tromper ensuite. Ainsi, chacun des mille agens employes pour la
contre-re
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