is la Flandre, la Hollande, toute la rive gauche du Rhin,
excepte Mayence, une partie du Piemont, la plus grande partie de la
Catalogne, toute la Navarre. Qu'on cherche une semblable campagne dans
les annales de l'Europe! On convient qu'ils ont pris quelques places,
montrez-nous donc une guerre ou autant de places aient ete emportees en
une seule campagne! Si les Francais, luttant contre l'Europe entiere,
ont eu de pareils succes, quels avantages n'auront-ils pas contre
l'Autriche et l'Angleterre presque seules? car les autres puissances, ou
ne peuvent plus nous seconder, ou viennent de traiter. On dit qu'ils
sont epuises, que les assignats, leur seule ressource, ont perdu toute
leur valeur, que leur gouvernement aujourd'hui a cesse d'avoir son
ancienne energie. Mais les Americains avaient vu leur papier-monnaie
tomber a quatre-vingt-dix pour cent de perte, et ils n'ont pas succombe.
Mais ce gouvernement, quand il etait energique, on nous le disait
barbare; aujourd'hui qu'il est devenu humain et modere, on le trouve
sans force. On nous parle de nos ressources, de nos riches capitaux;
mais le peuple perit de misere et ne peut payer ni la viande ni le pain;
il demande la paix a grands cris. Ces richesses merveilleuses qu'on
semble creer par enchantement sont-elles reelles? Cree-t-on des tresors
avec du papier? Tous ces systemes de finance cachent quelque affreuse
erreur, quelque vide immense qui apparaitra tout a coup. Nous allons
donnant nos richesses aux puissances de l'Europe: deja nous les avons
prodiguees au Piemont, a la Prusse; nous allons encore les livrer a
l'Autriche. Qui nous garantit que cette puissance sera plus fidele a ses
engagemens que la Prusse? Qui nous garantit qu'elle ne sera point
parjure a ses promesses, et ne traitera pas apres avoir recu notre or?
Nous excitons une guerre civile infame; nous armons des Francais contre
leur patrie, et cependant, a notre honte, ces Francais, reconnaissant
leur erreur et la sagesse de leur nouveau gouvernement, viennent de
mettre bas les armes. Irons-nous rallumer les cendres eteintes de la
Vendee, pour y reveiller un affreux incendie? On nous parle des
principes barbares de la France; ces principes ont-ils rien de plus
antisocial que notre conduite a l'egard des provinces insurgees? Tous
les moyens de la guerre sont donc ou douteux ou coupables ... La paix,
dit-on, est impossible; la France hait l'Angleterre; mais quand la
violence des Francais contre nous s'est-elle
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