usieurs puissances
luttaient encore, pour attaquer de concert l'ennemi commun, pour faire
rentrer la France dans ses limites, pour lui enlever les Pays-Bas et la
Hollande, pour refouler dans son sein et ses armees, et son commerce, et
ses principes funestes. Du reste, il ne fallait plus qu'un effort, un
seul pour l'accabler. Elle avait vaincu, sans doute, mais en s'epuisant,
en employant des moyens barbares, qui s'etaient uses par leur violence
meme. Le _maximum_, les _requisitions_, les _assignats_, la terreur,
s'etaient uses dans les mains des chefs de la France. Tous ces chefs
etaient tombes pour avoir voulu vaincre a ce prix. Ainsi, ajoutait-il,
encore une campagne, et l'Europe, l'Angleterre, etaient vengees et
preservees d'une revolution sanglante. D'ailleurs, quand meme on ne
voudrait pas se rendre a ces raisons d'honneur, de surete, de politique,
et faire la paix, cette paix ne serait pas plus possible. Les demagogues
francais la repousseraient avec cet orgueil feroce qu'ils avaient
montre, meme avant d'etre victorieux. Et pour traiter avec eux, ou les
trouverait-on? ou chercher le gouvernement, a travers ces factions
sanglantes, se poussant les unes les autres au pouvoir, et en
disparaissant aussi vite qu'elles y etaient arrivees? Comment esperer
des conditions solides en stipulant avec ces depositaires si fugitifs
d'une autorite toujours disputee? Il etait donc peu honorable,
imprudent, impossible, de negocier. L'Angleterre avait encore d'immenses
ressources; ses exportations etaient singulierement augmentees; son
commerce essuyait des prises qui prouvaient sa hardiesse et son
activite; sa marine devenait formidable, et ses riches capitaux venaient
s'offrir d'eux-memes en abondance au gouvernement, pour continuer cette
guerre _juste et necessaire_.
C'etait la le nom que Pitt avait donne a cette guerre des l'origine, et
qu'il affectait de lui conserver. On voit qu'au milieu de ces raisons de
tribune, il ne pouvait pas donner les veritables, qu'il ne pouvait pas
dire a travers quelles voies machiaveliques il voulait conduire
l'Angleterre au plus haut point de puissance. On n'avoue pas a la face
du monde une telle ambition.
Aussi l'opposition repondait-elle victorieusement. On ne nous demandait,
disaient Fox et Sheridan, qu'une campagne, a la session derniere; on
avait deja plusieurs places fortes; on devait en partir au printemps
pour aneantir la France. Cependant voyez quels resultats! Les Francais
ont conqu
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