declaree? N'est-ce pas
lorsque nous avons montre la coupable intention de leur ravir leur
liberte, d'intervenir dans le choix de leur gouvernement, d'exciter la
guerre civile chez eux? La paix, dit-on, repandrait la contagion de
leurs principes. Mais la Suisse, la Suede, le Danemark, les Etats-Unis,
sont en paix avec eux; leur constitution est-elle detruite? La paix,
ajoute-t-on encore, est impossible avec un gouvernement chancelant et
toujours renouvele. Mais la Prusse, la Toscane, ont trouve avec qui
traiter; la Suisse, la Suede, le Danemark, les Etats-Unis, savent avec
qui s'entendre dans leurs rapports avec la France, et nous ne pourrions
pas negocier avec elle! Il fallait donc qu'on nous dit en commencant la
guerre, que nous ne ferions pas la paix avant qu'une certaine forme de
gouvernement fut retablie chez nos ennemis, avant que la republique fut
abolie chez eux, avant qu'ils eussent subi les institutions qu'il nous
plaisait de leur donner.
A travers ce choc de raison et d'eloquence, Pitt, poursuivant sa marche,
sans jamais donner ses veritables motifs, obtint ce qu'il voulut:
emprunts, conscription maritime, suspension de l'_habeas corpus_. Avec
ses tresors, sa marine, les 200 mille hommes de l'Autriche, et le
courage desespere des insurges francais, il resolut de faire cette annee
une nouvelle campagne, certain de dominer au moins sur les mers, si la
victoire sur le continent restait a la nation enthousiaste qu'il
combattait.
Ces negociations, ces conflits d'opinions en Europe, ces preparatifs de
guerre, prouvent de quelle importance notre patrie etait alors dans le
monde. A cette epoque on vit arriver tous a la fois les ambassadeurs de
Suede, de Danemark, de Hollande, de Prusse, de Toscane, de Venise et
d'Amerique. A leur arrivee a Paris, ils allaient visiter le president de
la convention, qu'ils trouvaient loge quelquefois a un troisieme ou
quatrieme etage, et dont l'accueil simple et poli avait remplace les
anciennes receptions de cour. Ils etaient ensuite introduits dans cette
salle fameuse, ou siegeait sur de simples banquettes, et dans le costume
le plus modeste, cette assemblee qui, par sa puissance et la grandeur de
ses passions, ne paraissait plus ridicule, mais terrible. Ils avaient un
fauteuil vis-a-vis celui du president; ils parlaient assis; le president
leur repondait de meme, en les appelant par les titres contenus dans
leurs pouvoirs. Il leur donnait ensuite l'accolade fraternelle, et les
pr
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