premiere pacification des provinces insurgees. Comme
l'avait devine Hoche, elle n'etait qu'apparente; mais, comme il l'avait
senti aussi, on pouvait la rendre funeste aux chefs vendeens, en
habituant le pays au repos, aux lois de la republique, et en calmant ou
occupant d'une autre maniere cette ardeur de combattre qui animait
quelques hommes. Malgre les assurances de Charette au regent, et des
chouans a Puisaye, toute ardeur devait s'eteindre dans les ames apres
quelques mois de calme. Ces menees n'etaient plus que des actes de
mauvaise foi, excusables sans doute dans l'aveuglement des guerres
civiles, mais qui otent a ceux qui se les permettent le droit de se
plaindre des severites de leurs adversaires. Les representans et les
generaux republicains mirent le plus grand scrupule a faire executer les
conditions accordees. Il est sans doute inutile de montrer l'absurdite
du bruit repandu alors, et meme repete depuis, que les traites signes
renfermaient des articles secrets, portant la promesse de mettre Louis
XVII sur le trone; comme si des representans avaient pu etre assez fous
pour prendre de tels engagemens! comme s'il eut ete possible qu'on
voulut sacrifier a quelques partisans une republique qu'on persistait a
maintenir contre toute l'Europe! Du reste, aucun des chefs, en ecrivant
aux princes ou aux divers agens royalistes, n'a jamais ose avancer une
telle absurdite. Charette mis plus tard en jugement pour avoir viole les
conditions faites avec lui, n'osa pas non plus faire valoir cette excuse
puissante de la non-execution d'un article secret. Puisaye, dans ses
memoires, a juge l'assertion aussi niaise que fausse; et on ne la
rappellerait point ici, si elle n'avait ete reproduite dans une foule de
Memoires.
Cette paix n'avait pas seulement pour resultat d'amener le desarmement
de la contree; concourant avec celle de la Prusse, de la Hollande et de
la Toscane, et avec les intentions manifestees par plusieurs autres
etats, elle eut encore l'avantage de produire un effet moral tres grand.
On vit la republique reconnue a la fois par ses ennemis du dedans et du
dehors, par la coalition et par le parti royaliste lui-meme.
Il ne restait plus, parmi les ennemis decides de la France, que
l'Autriche et l'Angleterre. La Russie etait trop eloignee pour etre
dangereuse; l'Empire etait pret a se desunir, et incapable de soutenir
la guerre; le Piemont etait epuise; l'Espagne, partageant peu les
chimeriques esperances des intri
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