ntans. Beaucoup d'entre eux ne voulaient pas s'y rendre; mais
Cormatin les y entraina. La reunion eut lieu avec les memes formalites
qu'a la Jaunaye. Les chouans avaient demande que Hoche ne s'y trouvat
pas, a cause de son extreme defiance: on y consentit. Le 1er floreal (20
avril), les representans donnerent les memes arretes qu'a la Jaunaye, et
les chouans signerent une declaration par laquelle ils reconnaissaient
la republique et se soumettaient a ses lois.
Le lendemain, Cormatin fit son entree a Rennes, comme Charette a Nantes.
Le mouvement qu'il s'etait donne, l'importance qu'il s'etait arrogee, le
faisaient considerer comme le chef des royalistes bretons. On lui
attribuait tout, et les exploits de cette foule de chouans inconnus, qui
avaient mysterieusement parcouru la Bretagne, et cette paix qu'on
desirait depuis si long-temps. Il recut une espece de triomphe. Applaudi
par les habitans, caresse par les femmes, pourvu d'une forte somme
d'assignats, il recueillait tous les profits et tous les honneurs de la
guerre, comme s'il l'avait long-temps soutenue. Il n'etait cependant
debarque en Bretagne que pour jouer ce singulier role. Neanmoins il
n'osait plus ecrire a Puisaye; il ne se hasardait pas a sortir de
Rennes, ni a s'enfoncer dans le pays, de peur d'y etre fusille par les
mecontens. Les principaux chefs retournerent dans leurs divisions,
ecrivirent a Puisaye qu'on les avait trompes, qu'il n'avait qu'a venir,
et qu'au premier signal ils se leveraient pour voler a sa rencontre.
Quelques jours apres, Stofflet, se voyant abandonne, signa la paix a
Saint-Florent, aux memes conditions.
Tandis que les deux Vendees et la Bretagne se soumettaient, Charette
venait enfin de recevoir pour la premiere fois une lettre du regent;
elle etait datee du 1er fevrier. Ce prince l'appelait le second
fondateur de la monarchie, lui parlait de sa reconnaissance, de son
admiration, de son desir de le rejoindre, et le nommait
lieutenant-general. Ces temoignages arrivaient un peu tard. Charette,
tout emu, repondit aussitot au regent que la lettre dont il venait
d'etre honore transportait son ame de joie; que son devouement et sa
fidelite seraient toujours les memes; que la necessite seule l'avait
oblige de ceder, mais que sa soumission n'etait qu'apparente; que,
_lorsque les parties seraient mieux liees_, il reprendrait les armes, et
serait pret a mourir sous les yeux de son prince, et pour la plus belle
des causes.
Telle fut cette
|