ans, qui voulaient donner un grand eclat a la soumission de
Charette, lui preparerent a Nantes une reception magnifique. La joie la
plus vive regnait dans cette ville toute patriote. On se flattait de
toucher enfin au terme de cette affreuse guerre civile; on
s'applaudissait de voir un homme aussi distingue que Charette rentrer
dans le sein de la republique, et peut-etre consacrer son epee a la
servir. Le jour designe pour son entree solennelle, la garde nationale
et l'armee de l'Ouest furent mises sous les armes. Tous les habitans,
pleins de joie et de curiosite, accouraient pour voir et pour feter ce
chef celebre. On le recut aux cris de _vive la republique! vive
Charette!_ Il avait son costume de general vendeen, et portait la
cocarde tricolore. Charette etait dur, defiant, ruse, intrepide; tout
cela se retrouvait dans ses traits et dans sa personne. Une taille
moyenne, un oeil petit et vif, un nez releve a la tartare, une large
bouche, lui donnaient l'expression la plus singuliere et la plus
convenable a son caractere. En accourant au devant de lui, chacun
chercha a deviner ses sentimens. Les royalistes crurent voir l'embarras
et le remords sur son visage. Les republicains le trouverent joyeux et
presque enivre de son triomphe. Il devait l'etre, malgre l'embarras de
sa position; car ses ennemis lui procuraient la plus belle et la
premiere recompense qu'il eut encore recue de ses exploits.
A peine cette paix fut-elle signee, qu'on songea a reduire Stofflet, et
a faire accepter aux chouans les conditions accordees a Charette.
Celui-ci parut sincere dans ses temoignages; il repandit des
proclamations dans le pays, pour faire rentrer tout le monde dans le
devoir. Les habitans furent extremement joyeux de cette paix. Les hommes
tout a fait voues a la guerre furent organises en gardes territoriales,
et on en laissa le commandement a Charette pour faire la police de la
contree. C'etait l'idee de Hoche, qu'on defigura pour satisfaire les
chefs vendeens, qui, ayant a la fois des arriere-pensees et des
defiances, voulaient conserver sous leurs ordres les hommes les plus
aguerris. Charette promit meme son secours contre Stofflet, si celui-ci,
presse dans la Haute-Vendee, venait se replier sur le Marais.
Aussitot le general Canclaux fut envoye a la poursuite de Stofflet. Ne
laissant qu'un corps d'observation autour du pays de Charette, il porta
la plus grande partie de ses troupes sur le Layon. Stofflet, voulant
imposer par
|