sives.
Une enquete severe fut ordonnee pour decouvrir tous les fils de la
conspiration qu'on attribuait faussement aux membres de la Montagne.
Ceux-ci etaient sans communication avec les agitateurs populaires, et
leurs relations avec eux se bornaient a quelques rencontres de cafe, a
quelques encouragemens en paroles; neanmoins le comite de surete
generale fut charge de faire un rapport.
On supposait la conspiration d'autant plus etendue qu'il y avait eu
aussi des mouvemens dans tous les pays baignes par le Rhone et la
Mediterranee, a Lyon, Avignon, Marseille et Toulon. Deja on avait
denonce les patriotes comme quittant les communes ou ils s'etaient
signales par des exces, et se reunissant en armes dans les principales
villes, soit pour y fuir les regards de leurs concitoyens, soit pour se
rallier a leurs pareils et y faire corps avec eux. On pretendait qu'ils
parcouraient les bords du Rhone, qu'ils circulaient en bandes nombreuses
dans les environs d'Avignon, de Nimes, d'Arles, dans les plaines de la
Crau, et qu'ils y commettaient des brigandages contre les habitans
reputes royalistes. On leur imputait la mort d'un riche particulier,
magistrat a Avignon, qu'on avait assassine et depouille. A Marseille,
ils etaient a peine contenus par la presence des representans et par les
mesures qu'on avait prises en mettant la ville en etat de siege. A
Toulon, ils s'etaient reunis en grand nombre, et y formaient un
rassemblement de plusieurs mille individus, a peu pres comme avaient
fait les federalistes a l'arrivee du general Carteaux. Ils y dominaient
la ville par leur reunion avec les employes de la marine, qui presque
tous avaient ete choisis par Robespierre le jeune apres la reprise de la
place. Ils avaient beaucoup de partisans dans les ouvriers de l'arsenal,
dont le nombre s'elevait a plus de douze mille; et tous ces hommes
reunis etaient capables des plus grands exces. Dans ce moment
l'escadre, entierement reparee, etait prete a mettre a la voile; le
representant Letourneur se trouvait a bord de l'amiral; des troupes de
debarquement avaient ete mises sur les vaisseaux, et on disait
l'expedition destinee pour la Corse. Les revolutionnaires, profitant du
moment ou il ne restait dans la place qu'une faible garnison peu sure,
et dans laquelle ils comptaient beaucoup de partisans, avaient forme un
soulevement, et, dans les bras meme des trois representans Mariette,
Ritter et Cambon, avaient egorge sept prisonniers prevenus d'emi
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