leves du sein de la convention, et qu'on n'avait
pas le droit d'arracher a leurs fonctions. On dispersa la gendarmerie,
et on conduisit les voitures au comite civil de la section des
Champs-Elysees. Dans le meme instant un autre rassemblement fondit sur
le poste qui gardait la barriere de l'Etoile, s'empara des canons et les
braqua sur l'avenue. Le chef de la gendarmerie voulut en vain
parlementer avec les seditieux; il fut assailli et oblige de s'enfuir.
Il courut au Gros-Caillou demander des secours; mais les canonniers de
la section menacerent de faire feu sur lui s'il ne se retirait. Dans ce
moment, arrivaient plusieurs bataillons des sections et quelques
centaines de jeunes gens commandes par Pichegru, et tout fiers de
marcher sous les ordres d'un general aussi celebre. Les insurges
tirerent deux coups de canon, et firent une fusillade assez vive.
Raffet, qui ce jour-la commandait les sections, recut un coup de feu a
bout portant; Pichegru lui-meme courut de grands dangers, et fut deux
fois couche en joue. Cependant sa presence, et l'assurance qu'il
communiqua a ceux qu'il commandait, deciderent le succes. Les insurges
furent mis en fuite, et les voitures partirent sans obstacle.
Il restait a dissiper le rassemblement de la section des Quinze-Vingts,
auquel s'etait reuni celui qui s'etait forme a l'eglise Notre-Dame. La,
les factieux s'etaient eriges en assemblee permanente, et deliberaient
une nouvelle insurrection. Pichegru s'y rendit, fit evacuer la salle de
la section, et acheva de retablir la tranquillite publique.
Le lendemain il se presenta a la convention et lui declara que les
decrets etaient executes. Des applaudissemens unanimes accueillirent le
conquerant de la Hollande, qui venait, par sa presence a Paris, de
rendre un nouveau service. "Le vainqueur des tyrans, lui repondit le
president, ne pouvait manquer de triompher des factieux." Il recut
l'accolade fraternelle, les honneurs de la seance, et resta expose,
pendant plusieurs heures, aux regards de l'assemblee et du public, qui
se fixaient de toutes parts sur lui seul. On ne recherchait pas la cause
de ses conquetes, on ne faisait pas dans ses exploits la part des
accidens heureux; on etait frappe des resultats, et on admirait une
aussi brillante carriere.
Cette audacieuse tentative des jacobins, qu'on ne pouvait mieux
caracteriser qu'en l'appelant un 20 juin, excita contre eux un
redoublement d'irritation, et provoqua de nouvelles mesures repres
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