mmencees a Bale
avaient ete interrompues un moment par la mort du baron de Goltz.
Aussitot les bruits les plus facheux se repandirent. Un jour on disait:
Les puissances ne traiteront jamais avec une republique sans cesse
menacee par les factions; elles la laisseront perir dans les convulsions
de l'anarchie, sans la combattre et sans la reconnaitre. Un autre jour
on pretendait tout le contraire: La paix, disait-on, est faite avec
l'Espagne, les armees francaises n'iront pas plus loin; on traite avec
l'Angleterre, on traite avec la Russie, mais aux depens de la Suede et
du Danemark, qui vont etre sacrifies a l'ambition de Pitt et de
Catherine, et qui seront ainsi recompenses de leur amitie pour la
France. On voit que la malveillance, diverse dans ses dires, imaginait
toujours le contraire de ce qui convenait a la republique; elle
supposait des ruptures ou l'on desirait la paix, et la paix ou l'on
desirait des victoires. Une autre fois enfin elle tacha de faire croire
que toute paix etait a jamais impossible, et qu'il y avait a ce sujet
une protestation deposee au comite de salut public par la majorite des
membres de la convention. C'etait une nouvelle saillie de Duhem qui
avait donne lieu a ce bruit. Il pretendait que c'etait une duperie de
traiter avec une seule puissance, et qu'il ne fallait accorder la paix a
aucune, tant qu'elles ne viendraient pas la demander toutes ensemble. Il
avait depose une note sur ce sujet au comite de salut public, et c'est
la ce qui fit supposer une pretendue protestation.
Les patriotes, de leur cote, repandaient des bruits non moins facheux.
Ils disaient que la Prusse trainait les negociations en longueur, pour
faire comprendre la Hollande dans un traite commun avec elle, pour la
conserver ainsi sous son influence, et sauver le stathouderat. Ils se
plaignaient de ce que le sort de cette republique restait si long-temps
incertain, de ce que les Francais n'y jouissaient d'aucun des avantages
de la conquete, de ce que les assignats n'y etaient recus qu'a moitie
prix et seulement des soldats, de ce que les negocians hollandais
avaient ecrit aux negocians belges et francais qu'ils etaient prets a
rentrer en affaires avec eux, mais a condition d'etre payes d'avance et
en valeurs metalliques; de ce que les Hollandais avaient laisse partir
le stathouder emportant tout ce qu'il avait voulu, et envoye a Londres
ou transporte sur les vaisseaux de la compagnie des Indes une partie de
leurs richesses.
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