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ce decret, a chaque instant la discussion redevint generale, et il n'y
eut pas un acte qu'on ne se rejetat les uns aux autres avec une affreuse
violence. L'emotion qui existait depuis les jours precedens ne fit que
s'accroitre; il n'y avait qu'un mot dans les faubourgs: il faut se
porter a la convention pour demander du pain, la constitution de 93 et
la liberte des patriotes. Par malheur, la quantite de farine necessaire
pour fournir les dix-huit cents sacs n'etant pas arrivee a Paris dans la
journee du 6, on ne distribua, dans la matinee du 7, que la moitie de la
ration, en promettant pour la fin du jour l'autre moitie. Les femmes de
la section des Gravilliers, quartier du Temple, refuserent la
demi-ration qu'on voulait leur donner, et s'assemblerent en tumulte
dans la rue du Vert-Bois. Quelques-unes, qui avaient le mot,
s'efforcerent de former un rassemblement, et, entrainant avec elles
toutes les femmes qu'elles rencontraient, marcherent vers la convention.
Pendant qu'elles prenaient cette route, les meneurs coururent chez le
president de la section, s'emparerent violemment de sa sonnette et des
clefs de la salle des seances, et allerent former une assemblee
illegale. Ils nommerent un president, composerent un bureau, et lurent a
plusieurs reprises l'article de la declaration des droits, qui
proclamait l'insurrection comme un droit et un devoir. Les femmes,
pendant ce temps, avaient continue leur marche vers la convention, et
faisaient un grand bruit a ses portes. Elles voulaient etre introduites
en masse: on n'en laissa entrer que vingt. L'une d'elles prit hardiment
la parole, et se plaignit de ce qu'elles n'avaient recu qu'une
demi-livre de pain. Le president ayant voulu leur repondre, elles
crierent: Du pain! du pain! Elles interrompirent, par les memes cris,
les explications que Boissy-d'Anglas voulait donner sur la distribution
du matin. Enfin on les fit sortir, et on reprit la discussion sur les
accuses. Le comite de surete generale fit ramener ces femmes par des
patrouilles, et envoya l'un de ses membres pour dissoudre l'assemblee
illegalement formee dans la section des Gravilliers. Ceux qui la
composaient refuserent d'abord d'acceder aux invitations du
representant envoye vers eux; mais en voyant la force, ils se
dissiperent. Dans la nuit, les principaux instigateurs furent arretes et
conduits en prison.
[1] 24, 25 et 26 mars.
C'etait la troisieme tentative du mouvement: le 27 ventose on s'etait
agi
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