ne veulent point imposer
a la convention par leur nombre; que, loin de la, ils la defendront, et
qu'ils ne sont ici que pour lui faire connaitre l'urgence de leurs
besoins.--Oui, oui, s'ecrie-t-on encore dans la foule, nous voulons du
pain."
Dans ce moment, on entend des cris dans le salon de la Liberte: c'est un
nouveau flot populaire qui deborde sur le premier: c'est une seconde
irruption d'hommes, de femmes et d'enfans, criant tous a la fois: Du
pain! du pain!... Legendre veut recommencer ce qu'il allait dire; on
l'interrompt encore en criant: A bas!
Les montagnards sentaient bien que, dans cet etat, la convention,
opprimee, avilie, etouffee, ne pouvait ni ecouter, ni parler, ni
deliberer, et que le but meme de l'insurrection etait manque, puisque
les decrets desires ne pouvaient etre rendus. Gaston et Duroi, tous deux
siegeant a gauche, se levent, et se plaignent de l'etat ou l'on a reduit
l'assemblee. Gaston s'approche du peuple: "Mes amis, dit-il, vous voulez
du pain, la liberte des patriotes et la constitution; mais pour cela il
faut deliberer, et on ne le peut pas si vous restez ici." Le bruit
empeche que Gaston soit entendu. Andre Dumont, qui a remplace le
president au fauteuil, veut en vain donner les memes raisons a la foule;
il n'est pas ecoute. Le montagnard Huguet parvient seul a faire entendre
quelques mots: "Le peuple qui est ici, dit-il, n'est pas en
insurrection; il vient demander une chose juste: c'est l'elargissement
des patriotes. Peuple, n'abandonne pas tes droits." Dans ce moment, un
homme monte a la barre, en traversant la foule qui s'ouvre devant lui;
c'est le nomme Vanec, qui commandait la section de la Cite a l'epoque du
31 mai. "Representans, dit-il, vous voyez devant vous les hommes du 14
juillet, du 10 aout, et encore du 31 mai...." Ici les tribunes, la
populace et la Montagne applaudissent a outrance. "Ces hommes, continue
Vanec, ont jure de vivre libres ou de mourir. Vos divisions dechirent la
patrie, elle ne doit plus souffrir de vos haines. Rendez la liberte aux
patriotes, et le pain au peuple. Faites-nous justice de l'armee de
Freron, et de ces messieurs a batons. Et toi, Montagne sainte, ajoute
l'orateur en se tournant vers les bancs de gauche, toi qui as tant
combattu pour la republique, les hommes du 14 juillet, du 10 aout et du
31 mai te reclament dans ce moment et de crise; tu les trouveras
toujours prets a te soutenir, toujours prets a verser leur sang pour la
patrie!" Des cr
|