travail n'eut ete acheve.
L'ordre d'arreter l'un de mes meilleurs employes a la guerre, ordre pour
lequel j'attaquai Saint-Just et Robespierre, et les denoncai comme des
usurpateurs, cet ordre, je l'avais signe sans le savoir. Ainsi notre
signature ne prouve rien, et ne peut nullement devenir la preuve de
notre participation aux actes reproches a l'ancien gouvernement." Carnot
s'attacha ensuite a justifier ses collegues accuses. Tout en convenant,
sans le dire expressement, qu'ils avaient fait partie des hommes
passionnes et violens du comite, il assura qu'ils s'etaient eleves des
premiers contre le triumvirat, et que l'indomptable caractere de
Billaud-Varennes avait ete le plus grand obstacle que Robespierre eut
rencontre sur ses pas. Prieur (de la Cote-d'Or), qui, dans la
fabrication des munitions et des armes, avait rendu d'aussi grands
services que Carnot, et qui avait donne les memes signatures, et de la
meme maniere, repeta la declaration de Carnot, et demanda, comme lui et
Lindet, a partager la responsabilite qui pesait sur les accuses.
Ici la convention se trouvait replongee dans les embarras d'une
discussion deja entamee plusieurs fois, et qui n'avait jamais abouti
qu'a une affreuse confusion. Cet exemple, donne par trois hommes
jouissant d'une consideration universelle, et venant se declarer
solidaires de l'ancien gouvernement, cet exemple n'etait-il pas un
avertissement pour elle? Ne signifiait-il pas que tout le monde avait
ete plus ou moins complice des anciens comites, et qu'elle devait
elle-meme venir demander des fers, comme Lindet, Carnot et Prieur? En
effet, elle n'avait elle-meme attaque la tyrannie qu'apres les trois
hommes qu'elle voulait punir aujourd'hui comme ses complices; et, quant
a leurs passions, elle les avait toutes partagees; elle etait meme plus
coupable qu'eux si elle ne les avait pas ressenties, car elle en avait
sanctionne tous les exces.
Aussi la discussion devint-elle, pendant les journees des 4, 5 et 6
germinal[1], une melee epouvantable. A chaque instant le nom d'un
nouveau membre se trouvait compromis; il demandait a se justifier, il
recriminait a son tour, et on se jetait, de part et d'autre, dans des
discussions aussi longues que dangereuses. On decreta alors que les
accuses et les membres de la commission auraient seuls la parole pour
discuter les faits, article par article, et il fut defendu a tout depute
de chercher a se justifier si son nom etait prononce. On eut beau re
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