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pas lieu. Dans la section des Quinze-Vingts on fit une nouvelle
petition, plus hardie que la premiere, et qu'on devait presenter le
lendemain. Elle fut lue, en effet, a la barre de la convention.
"Pourquoi, disait-elle, Paris est-il sans municipalite? pourquoi les
societes populaires sont-elles fermees? que sont devenues nos moissons?
pourquoi les assignats sont-ils tous les jours plus avilis? pourquoi les
jeunes gens du Palais-Royal peuvent-ils seuls s'assembler? pourquoi les
patriotes se trouvent-ils seuls dans les prisons? Le peuple enfin veut
etre libre. Il sait que, lorsqu'il est opprime, l'insurrection est le
premier de ses devoirs." La petition fut ecoutee au milieu des murmures
d'une grande partie de l'assemblee, et des applaudissemens de la
Montagne. Le president Pelet (de la Lozere) recut tres rudement les
petitionnaires et les congedia. La seule satisfaction accordee fut
d'envoyer aux sections la liste des patriotes detenus, pour qu'elles
pussent juger s'il y en avait qui meritassent d'etre reclames.
[2] 10 germinal.
Le reste de la journee du 11 se passa en agitations dans les faubourgs.
On se dit de tous cotes qu'il fallait le lendemain se rendre a la
convention, pour lui demander de nouveau tout ce qu'on n'avait pas pu
obtenir encore. Cet avis fut transmis de bouche en bouche dans tous les
quartiers occupes par les patriotes. Les meneurs de chaque section, sans
avoir un but bien determine, voulaient exciter un rassemblement
universel, et pousser vers la convention la masse entiere du peuple. Le
lendemain, en effet, 12 germinal (1er avril), des femmes, des enfans se
souleverent dans la section de la Cite, et se reunirent aux portes des
boulangers, empechant ceux qui s'y trouvaient d'accepter la ration, et
tachant d'entrainer tout le monde vers les Tuileries. Les meneurs
repandirent en meme temps toutes sortes de bruits; ils dirent que la
convention allait partir pour Chalons, et abandonner le peuple de Paris
a sa misere; qu'on avait desarme dans la nuit la section des
Gravilliers; que les jeunes gens etaient rassembles au nombre de trente
mille au Champ-de-Mars, et qu'avec leur secours on allait desarmer les
sections patriotes. Ils forcerent les autorites de la section de la Cite
de donner ses tambours; ils s'en emparerent, et se mirent a battre la
generale dans toutes les rues. L'incendie s'etendit avec rapidite: la
population du Temple et du faubourg Saint-Antoine se leva, et, suivant
les quais et l
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