nvers ses soldats l'indulgence a la severite, ecrivait ces paroles
charmantes a l'un de ses lieutenans qui se plaignait trop amerement de
quelques exces d'ivrognerie. "Eh! mon ami, si les soldats etaient
philosophes, ils ne se battraient pas!... Corrigeons cependant les
ivrognes, si l'ivresse les fait manquer a leur devoir." Il avait concu
les idees les plus justes sur le pays, et sur la maniere de le pacifier.
"Il faut des pretres a ces paysans, ecrivait-il, laissons-les-leur,
puisqu'ils en veulent. Beaucoup ont souffert, et soupirent apres leur
retour a la vie agricole; qu'on leur donne quelques secours pour reparer
leurs fermes. Quant a ceux qui ont pris l'habitude de la guerre, les
rejeter dans leur pays est impossible, ils le troubleraient de leur
oisivete et de leur inquietude. Il faut en former des legions et les
enroler dans les armees de la republique. Ils feront d'excellens soldats
d'avant-garde; et leur haine de la coalition, qui ne les a pas secourus,
nous garantit leur fidelite. D'ailleurs que leur importe la cause? il
leur faut la guerre. Souvenez-vous, ajoutait-il, des bandes de
Duguesclin allant detroner Pierre-le-Cruel, et du regiment leve par
Villars dans les Cevennes." Tel etait le jeune general appele a pacifier
ces malheureuses contrees.
Les decrets de la convention repandus a profusion en Vendee et en
Bretagne, l'elargissement des suspects, soit a Nantes, soit a Rennes, la
grace accordee a madame de Bonchamp, qui fut sauvee par un decret de la
mort prononcee contre elle, l'annulation de toutes les condamnations non
executees, la liberte accordee a l'exercice des cultes, la defense de
devaster les eglises, l'elargissement des pretres, la punition de
Carrier et de ses complices, commencerent a produire l'effet qu'on en
attendait dans les deux pays, et disposerent les esprits a profiter de
l'amnistie commune promise aux chefs et aux soldats. Les haines
s'apaisaient, et le courage avec elles. Les representans en mission a
Nantes eurent des entrevues avec la soeur de Charette, et lui firent
parvenir, par son intermediaire, le decret de la convention. Il etait
dans ce moment reduit aux abois. Quoique doue d'une opiniatrete sans
pareille, il ne pouvait pas se passer d'esperance, et il n'en voyait
luire d'aucun cote. La cour de Verone, ou il jouissait de tant
d'admiration, comme on l'a vu plus haut, ne faisait cependant rien pour
lui. Le regent venait de lui ecrire une lettre dans laquelle il le
nommait l
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