pour cela une assemblee de toute la
section, et il n'etait permis de se reunir que le decadi. Neanmoins on
entoura le comite civil, et on lui demanda avec menaces les clefs de la
salle des seances, et sur son refus on exigea qu'il detachat un de ses
membres pour accompagner le rassemblement jusqu'a la convention. Le
comite y consentit, et donna un de ses membres pour regulariser le
mouvement et empecher des desordres. La meme chose se passait au meme
instant dans la section du Finistere. Un rassemblement s'y etait forme,
et il vint se reunir a celui de l'Observatoire. Les deux se
confondirent, et marcherent ensemble vers la convention. L'un des
meneurs se chargea de porter la parole, et fut introduit avec quelques
petitionnaires a la barre. Le reste du rassemblement demeura aux portes,
faisant un bruit affreux. "Le pain nous manque, dit l'orateur de la
deputation; nous sommes prets a regretter tous les sacrifices que nous
avons faits pour la revolution." A ces mots l'assemblee, remplie
d'indignation, l'interrompit brusquement, et une foule de membres se
leverent pour reprimer l'inconvenance de ce langage. "Du pain! du pain!"
s'ecrierent les petitionnaires en frappant sur la barre. A cette
insolente reponse, l'assemblee voulait qu'on les fit sortir de la salle.
Pourtant le calme se retablit, l'orateur acheva sa harangue, et dit que
jusqu'a ce qu'on eut satisfait aux besoins du peuple, ils ne crieraient
que _Vive la republique!_ Le president Thibaudeau repondit avec fermete
a ce discours seditieux, et sans inviter les petitionnaires a la seance,
les renvoya a leurs travaux. Le comite de surete generale, qui avait
deja reuni quelques bataillons des sections, fit degager les portes de
l'assemblee, et dispersa le rassemblement.
Cette scene produisit une grande impression sur les esprits. Les
menaces journalieres des jacobins repandus dans les sections des
faubourgs; leurs placards incendiaires ou ils annoncaient une
insurrection sous huit jours, si les patriotes n'etaient pas decharges
de toute poursuite, et si la constitution de 93 n'etait pas mise en
vigueur; leurs conciliabules presque publics tenus dans les cafes des
faubourgs; enfin ce dernier essai d'un mouvement, revelerent a la
convention l'intention d'un nouveau 31 mai. Le cote droit, les girondins
rentres, les thermidoriens, tous egalement menaces, songerent a prendre
des mesures pour prevenir une nouvelle attaque contre la representation
nationale. Sieyes, qui v
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