ehors. Les patriotes du
faubourg, qui n'avaient pas pu entrer dans la salle, etaient repandus
sur le Carrousel et dans le jardin des Tuileries; ils attendaient avec
impatience, et en poussant leurs cris accoutumes, que le resultat de la
demarche tentee aupres de la convention fut connu. Quelques-uns d'entre
eux, descendus des tribunes, etaient venus rapporter aux autres ce qui
se passait, et, leur faisant un recit infidele, ils avaient dit que les
petitionnaires avaient ete maltraites. Alors le tumulte s'etait augmente
parmi eux; les uns etaient accourus vers les faubourgs, pour annoncer
que leurs envoyes etaient maltraites a la convention; les autres avaient
parcouru le jardin, repoussant devant eux les jeunes gens qu'ils
rencontraient; ils en avaient meme saisi trois, et les avaient jetes
dans le grand bassin des Tuileries. Le comite de surete generale, en
voyant ces desordres, avait fait battre le rappel pour convoquer les
sections voisines. Cependant le danger etait pressant; il fallait du
temps pour que les sections fussent convoquees et reunies. Le comite
etait entoure d'une foule de jeunes gens, accourus au nombre de mille ou
douze cents, armes de cannes, et disposes a fondre sur les groupes de
patriotes, qui n'avaient pas encore rencontre de resistance. Il accepte
leur secours, et les autorise a faire la police du jardin. Ils se
precipitent alors sur les groupes ou l'on criait _vive les jacobins!_
les dispersent apres une melee assez longue, en refoulent meme une
partie vers la salle de la convention. Quelques-uns des patriotes
remontent dans les tribunes, et y repandent, par leur arrivee
precipitee, une espece de trouble. Dans ce moment, Sieyes achevait son
rapport sur la loi de grande police. On demandait l'ajournement, et on
s'ecriait a la Montagne: "C'est une loi de sang! c'est la loi martiale!
on veut faire partir la convention de Paris." A ces cris se mele le
bruit des fugitifs arrivant du jardin. Il se manifeste alors une grande
agitation. Les royalistes assassinent les patriotes! s'ecrie une voix.
On entend du tumulte aux portes; le president se couvre. Une grande
majorite de l'assemblee dit que le danger prevu par la loi de Sieyes se
realise, qu'il faut la voter sur-le-champ. "Aux voix! aux voix!
s'ecrie-t-on." On met la loi aux voix, et elle est aussitot adoptee par
l'immense majorite, au bruit des plus vifs applaudissemens. Les membres
de l'extremite gauche refusent de prendre part a la deliberation. En
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