fin
le calme se retablit peu a peu, et on commence a pouvoir entendre les
orateurs. "On a trompe la convention!" s'ecrie Duhem. Clausel, qui
entre, vient, dit-il, rassurer l'assemblee. "Nous n'avons pas besoin
d'etre rassures," repondent plusieurs voix. Clausel continue, et dit que
les bons citoyens sont venus faire un rempart de leurs corps a la
representation nationale. On applaudit. "C'est toi, lui dit Ruamps, qui
as provoque ces rassemblemens pour faire passer une loi atroce." Clausel
veut repliquer, mais il ne peut se faire entendre. On attaque alors la
loi qui venait d'etre votee avec tant de precipitation. "La loi est
rendue, dit le president; on n'y peut plus revenir.--On conspire ici
avec le dehors, dit Tallien; n'importe, il faut rouvrir la discussion
sur le projet, et prouver que la convention sait deliberer meme au
milieu des egorgeurs." On adopte la proposition de Tallien, et on remet
le projet de Sieyes en deliberation. La discussion s'engage alors avec
plus de calme. Tandis qu'on delibere dans l'interieur de la salle, la
tranquillite se retablit au dehors. Les jeunes gens, victorieux des
jacobins, demandent a se presenter a l'assemblee; ils sont introduits
par deputation, et viennent protester de leurs intentions patriotiques
et de leur devouement a la representation nationale. Ils se retirent
apres avoir ete vivement applaudis. La convention, persistant a discuter
la loi de police sans desemparer, la vote article par article, et se
separe enfin a dix heures du soir.
Cette journee laissa les deux partis convaincus de l'approche d'un grand
evenement. Les patriotes, repousses par la cloture dans la convention,
battus a coups de canne dans le jardin des Tuileries, vinrent porter
leur colere dans les faubourgs, et y exciter le peuple a un mouvement.
L'assemblee vit bien qu'elle allait etre attaquee, et songea a faire
usage de la loi tutelaire qu'elle venait de rendre.
Le lendemain devait amener une discussion tout aussi grave que celle du
jour: en effet, Billaud, Collot, Barrere et Vadier, devaient etre
entendus pour la premiere fois devant la convention. Une foule de
patriotes et de femmes etaient accourus de bonne heure pour remplir les
tribunes. Les jeunes gens, plus prompts, les avaient devances, et
avaient empeche les femmes d'entrer. Ils les avaient congediees assez
rudement, et il en etait resulte quelques rixes autour de la salle.
Cependant de nombreuses patrouilles, repandues aux environs, avaient
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