autre,
interrompent Tallien; il reprend au milieu du tumulte: "Rien,
continua-t-il, ne m'empechera de dire mon opinion lorsque je suis au
milieu des representans du peuple. Nous voulons tous la constitution
avec un gouvernement ferme, avec le gouvernement qu'elle prescrit; et il
ne faut pas que quelques membres fassent croire au peuple qu'il est dans
cette assemblee des membres qui ne veulent pas la constitution. Il faut
aujourd'hui meme prendre des mesures pour les empecher de calomnier la
majorite respectable et pure de la convention." Oui! oui! s'ecrie-t-on
de toutes parts. "Cette constitution, ajoute Tallien, qu'ils ont fait
suivre, non pas des lois qui devaient la completer et en rendre
l'execution possible, mais du gouvernement revolutionnaire, cette
constitution, il faut la faire marcher et lui donner la vie. Mais nous
n'aurons pas l'imprudence de vouloir l'executer sans lois organiques,
afin de la livrer incomplete et sans defense a tous les ennemis de la
republique. C'est pourquoi je demande qu'il soit fait incessamment un
rapport sur les moyens d'executer la constitution, et qu'il soit
decrete, des a present, qu'il n'y aura aucun intermediaire entre le
gouvernement actuel et le gouvernement definitif." Tallien descend de la
tribune au milieu des marques universelles de satisfaction de
l'assemblee, que sa reponse venait de tirer d'embarras. La confection
des lois organiques etait un pretexte heureux pour differer la
promulgation de la constitution, et pour fournir un moyen de la
modifier. C'etait l'occasion d'une nouvelle revision, comme celle que
l'on fit subir a la constitution de 91. Le depute Miaulle, montagnard
assez modere, approuve l'avis de Tallien, et admet, comme lui, qu'il ne
faut pas precipiter l'execution de la constitution; mais il soutient
qu'il n'y a aucun inconvenient a lui donner de la publicite, et il
demande qu'elle soit gravee sur des tables de marbre, et exposee dans
les lieux publics. Thibaudeau, effraye d'une telle publicite donnee a
une constitution faite dans un moment de delire demagogique, cede le
fauteuil a Clausel, et monte a la tribune. "Legislateurs, s'ecrie-t-il,
nous ne devons pas ressembler a ces pretres de l'antiquite, qui avaient
deux manieres de s'exprimer, l'une secrete, l'autre ostensible. Il faut
avoir le courage de dire ce que nous pensons sur cette constitution; et
dut-elle me frapper de mort, comme elle en a frappe, l'annee derniere,
ceux qui ont voulu faire des observ
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