mandait; mais ils lui donnerent Humbert pour l'accompagner et assister
a toutes les entrevues. Cormatin, au comble de ses voeux, ecrivait au
comite central et a Puisaye que ses artifices reussissaient, que les
republicains etaient ses dupes, qu'il allait raffermir les chouans,
donner le mot a Charette, l'engager seulement a temporiser en attendant
la grande expedition, et enfin seduire Canclaux. Il se mit ainsi a
parcourir la Bretagne, voyant partout les chefs, les etonnant par des
paroles de paix et par cette treve singuliere. Tous ne comprenaient pas
ses finesses, et se relachaient de leur courage. La cessation des
hostilites faisait aimer le repos et la paix, et, sans qu'il s'en
doutat, Cormatin avancait la pacification. Lui-meme commencait a y etre
porte; et, tandis qu'il voulait duper les republicains, c'etaient les
republicains qui, sans le vouloir, le trompaient lui-meme. Pendant ce
temps, on avait fixe avec Charette le jour et le lieu de l'entrevue.
C'etait pres de Nantes. Cormatin devait s'y rendre, et la devaient
commencer les negociations. Cormatin, tous les jours plus embarrasse des
engagemens qu'il prenait avec les republicains, commencait a ecrire plus
rarement au comite central, et le comite, voyant la tournure qu'allaient
prendre les choses, ecrivait a Puisaye en nivose: "Hatez-vous d'arriver.
Les courages sont ebranles; les republicains seduisent les chefs. Il
faut venir, ne fut-ce qu'avec douze mille hommes, avec de l'argent, des
pretres et des emigres. Arrivez avant la fin de janvier (pluviose)."
Ainsi, tandis que l'emigration et les puissances fondaient tant
d'esperances sur Charette et sur la Bretagne, une negociation allait
pacifier ces deux contrees. En pluviose (janvier-fevrier), la
republique traitait donc a Bale avec l'une des principales puissances,
et a Nantes avec les royalistes, qui l'avaient jusqu'ici combattue et
meconnue.
CHAPITRE XXVII.
REOUVERTURE DES SALONS, DES SPECTACLES, DES REUNIONS SAVANTES;
ETABLISSEMENT DES ECOLES PRIMAIRES, NORMALE, DE DROIT ET DE MEDECINE;
DECRETS RELATIFS AU COMMERCE, A L'INDUSTRIE, A L'ADMINISTRATION DE LA
JUSTICE ET DES CULTES.--DISETTE DES SUBSISTANCES DANS L'HIVER DE L'AN
III.--DESTRUCTION DES BUSTES DE MARAT.--ABOLITION DU _maximum_ ET DES
REQUISITIONS.--SYSTEMES DIVERS SUR LES MOYENS DE RETIRER LES
ASSIGNATS.--AUGMENTATION DE LA DISETTE A PARIS.--REINTEGRATION DES
DEPUTES GIRONDINS.--SCENES TUMULTUEUSES A L'OCCASION DE LA DISETTE;
AGITATION
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