comme a l'ordinaire, de mettre fin a la
discussion par l'ordre du jour. Une autre fois, Duhem dit au depute
Clausel, membre du comite de surete generale, qu'il l'assassinerait. Le
tumulte fut epouvantable, et l'ordre du jour vint encore terminer cette
nouvelle scene.
L'infatigable Duhem decouvrit un ecrit intitule _le Spectateur de la
Revolution_, dans lequel se trouvait un dialogue sur les deux
gouvernemens monarchique et republicain. Ce dialogue donnait une
preference evidente au gouvernement monarchique, et engageait, meme
d'une maniere assez ouverte, le peuple francais a y revenir. Duhem
denonca cet ecrit avec indignation, comme l'un des symptomes de la
conspiration royaliste. La convention, faisant droit a cette
reclamation, envoya l'auteur au tribunal revolutionnaire; mais Duhem
s'etant permis de dire que le royalisme et l'aristocratie triomphaient,
elle l'envoya lui-meme pour trois jours a l'Abbaye, comme ayant insulte
l'assemblee. Ces scenes avaient emu tout Paris. Dans les sections on
voulait faire des adresses sur ce qui venait d'arriver, et on se battait
pour la redaction, chacun voulant que ces adresses fussent ecrites dans
son sens. Jamais la revolution n'avait presente un spectacle aussi
agite. Jadis les jacobins, tout-puissans, n'avaient trouve aucune
resistance capable de produire une veritable lutte. Ils avaient tout
chasse devant eux, et etaient demeures vainqueurs; vainqueurs bruyans et
coleres, mais uniques. Aujourd'hui un parti puissant venait de s'elever;
et quoiqu'il fut moins violent, il suppleait par la masse a la violence,
et pouvait lutter a chance egale. On fit des adresses en tous sens.
Quelques jacobins, reunis dans les cafes, vers les quartiers populeux de
Saint-Denis, du Temple, de Saint-Antoine, tinrent des propos comme ils
avaient coutume d'en tenir. Ils menacerent d'aller attaquer au
Palais-Royal, aux spectacles, a la convention meme, les nouveaux
conspirateurs. De leur cote, les jeunes gens faisaient un bruit
epouvantable dans le parterre des theatres. Ils se promirent de faire un
outrage sensible aux jacobins. Le buste de Marat etait dans tous les
lieux publics, et particulierement dans les salles de spectacle. Au
theatre Feydeau, des jeunes gens s'elancerent au balcon, et, montant sur
les epaules les uns des autres, renverserent le buste du saint, le
briserent, et le remplacerent aussitot par celui de Rousseau. La police
fit de vains efforts pour empecher cette scene. Des applaudi
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