mple delegation sur
les biens. Elle etait tyrannique; car, lorsqu'elle atteignait l'assignat
dans les mains de l'ouvrier ou de l'individu qui avait tout juste de
quoi vivre, elle changeait le morceau de pain en terre, et affamait le
porteur de cet assignat. Le seul bruit, en effet, qu'on demonetiserait
certaine partie du papier les avait fait baisser rapidement, et on fut
oblige de decreter qu'on ne demonetiserait pas. L'emprunt force n'etait
pas moins tyrannique; il consistait aussi a changer forcement l'assignat
de monnaie en valeur sur les terres. La seule difference, c'est que
l'emprunt force portait sur les classes elevees et riches, et n'operait
la conversion que pour elles; mais elles avaient tant souffert, qu'il
etait bien difficile de leur faire acheter des biens-fonds, sans les
mettre dans de cruels embarras. D'ailleurs, depuis la reaction, elles
commencaient a se defendre contre tout retour aux moyens
revolutionnaires.
Il ne restait donc plus que les moyens volontaires. On en proposa de
toute espece. Cambon imagina une loterie: elle devait se composer de
quatre millions de lots, de 1000 francs chaque; ce qui faisait une mise
de quatre milliards de la part du public. L'etat ajoutait 391 millions,
qui servaient a faire de gros lots, de maniere qu'il y avait quatre lots
de 500,000 fr., trente-six de 250,000, trois cent soixante de 100,000.
Les moins heureux retrouvaient leurs lots primitifs de 1,000 francs;
mais les uns et les autres, au lieu d'avoir des assignats, n'avaient
qu'un bon sur les biens nationaux, rapportant trois pour cent d'interet.
Ainsi, on supposait que l'appat d'un lot considerable ferait rechercher
ce placement en bons sur les biens nationaux, et que quatre milliards
d'assignats quitteraient ainsi la qualite de monnaie, pour prendre celle
de contrats sur les terres, moyennant une prime de 391 millions. C'est
supposer toujours qu'on pouvait faire ce placement. Thirion conseilla un
autre moyen, celui d'une tontine. Mais ce moyen, bon pour menager un
petit capital d'economie a quelques survivans, etait beaucoup trop lent
et trop insuffisant par rapport a la masse enorme des assignats.
Johannot proposa une espece de banque territoriale, dans laquelle on
deposerait des assignats, pour avoir des bons rapportant trois pour cent
d'interet, bons qu'on echangerait a volonte pour des assignats. C'etait
toujours le meme plan de changer le papier-monnaie en simples valeurs en
terres. Ici, la seule differe
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