l etait absurde de les y
soumettre ouvrees; car elles seraient payees huit ou dix fois moins qu'a
l'etat brut. Ces exemples n'etaient pas les seuls: on en pouvait citer
mille du meme genre. Le _maximum_ exposant ainsi le marchand, le
manufacturier, le fermier, a des pertes inevitables, ils ne voudraient
jamais le subir; les uns abandonneraient les boutiques ou la
fabrication, les autres enfouiraient leur ble ou le feraient consommer
dans les basses-cours, parce qu'ils trouveraient plus d'avantages a
vendre de la volaille ou des cochons engraisses. De maniere ou d'autre,
il fallait si on voulait que les marches fussent approvisionnes, que les
prix fussent libres; car jamais personne ne voudrait travailler pour
perdre. Du reste, ajoutaient les adversaires du systeme revolutionnaire,
le _maximum_ n'avait jamais ete execute; ceux qui voulaient trouver a
acheter se resignaient a payer d'apres le prix reel, et non d'apres le
prix legal. Toute la question se reduisait donc a ces mots: payer cher
ou n'avoir rien. Vainement voudrait-on suppleer a l'activite spontanee
de l'industrie et du commerce par les requisitions, c'est-a-dire par
l'action du gouvernement. Un gouvernement commercant etait une
monstruosite ridicule. Cette commission des approvisionnemens, qui
faisait tant de bruit de ses operations, sait-on ce qu'elle avait
apporte en France de ble etranger? De quoi nourrir la France pendant
cinq jours. Il fallait donc en revenir a l'activite individuelle,
c'est-a-dire au commerce libre, et ne s'en fier qu'a lui. Lorsque le
_maximum_ serait supprime, et que le negociant pourrait retrouver le
prix du fret, des assurances, de l'interet de ses capitaux, et son
juste benefice, il ferait venir des denrees de tous les points du globe.
Les grandes communes surtout, qui n'etaient pas comme celle de Paris
approvisionnees aux frais de l'etat, ne pouvaient recourir qu'au
commerce, et seraient affamees si on ne lui rendait sa liberte.
En principe ces raisonnemens etaient justes; il n'en etait pas moins
vrai que la transition du commerce force au commerce libre devait etre
dangereuse dans un moment d'aussi grande crise. En attendant que la
liberte des prix eut reveille l'industrie individuelle, et approvisionne
les marches, le rencherissement de toutes choses allait etre
extraordinaire. C'etait un inconvenient tres passager pour toutes les
marchandises qui n'etaient pas de premiere necessite, ce n'etait qu'une
interruption momentanee jus
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