telle qu'il le
fallait pour toucher Bois-Hardi et Cormatin. Il y eut une entrevue.
Bois-Hardi montra la facilite d'un jeune militaire courageux, point
haineux, et se battant par caractere plutot que par fanatisme; toutefois
il ne s'engagea a rien, et laissa faire Cormatin. Ce dernier, avec son
inconsequence habituelle, tout flatte d'etre appele a traiter avec les
generaux de la puissante republique francaise, accueillit toutes les
ouvertures de Humbert, et demanda a etre mis en rapport avec les
generaux Hoche et Canclaux, et avec les representans. Des entrevues
furent convenues, le jour et le lieu fixes. Le comite central fit des
reproches a Cormatin pour s'etre trop avance. Celui-ci, joignant la
duplicite a l'inconsequence, assura le comite qu'il ne voulait pas
trahir sa cause; qu'en acceptant une entrevue, il voulait observer de
pres les ennemis communs, juger leurs forces et leurs dispositions. Il
donna surtout deux raisons importantes selon lui: premierement, on
n'avait jamais vu Charette, on ne s'etait jamais concerte avec lui; en
demandant a le voir sous pretexte de rendre la negociation commune a la
Vendee comme a la Bretagne, il pourrait l'entretenir des projets de
Puisaye, et l'engager a y concourir. Secondement, Puisaye, compagnon
d'enfance de Canclaux, lui avait ecrit une lettre capable de le toucher,
et renfermant les offres les plus brillantes pour le gagner a la
monarchie. Sous pretexte d'une entrevue, Cormatin lui remettrait la
lettre, et acheverait l'ouvrage de Puisaye. Affectant ainsi le role de
diplomate habile aupres de ses collegues, Cormatin obtint l'autorisation
d'aller entamer une negociation simulee avec les republicains, pour se
concerter avec Charette et seduire Canclaux. Il ecrivit a Puisaye dans
ce sens, et partit, la tete pleine des idees les plus contraires; tantot
fier de tromper les republicains, de comploter sous leurs yeux, de leur
enlever un general; tantot enorgueilli d'etre le mediateur des insurges
aupres des representans de la republique, et pret, dans cette agitation
d'idees, a etre dupe en voulant faire des dupes. Il vit Hoche; il lui
demanda d'abord une treve provisoire, et exigea ensuite la faculte de
visiter tous les chefs de chouans l'un apres l'autre, pour leur inspirer
des vues pacifiques, de voir Canclaux, et surtout Charette, pour se
concerter avec ce dernier, disant que les Bretons ne pouvaient se
separer des Vendeens. Hoche et les representans lui accorderent ce qu'il
de
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