aux de neuf sous pour franc; ils ne pouvaient
vendre pour plus de dix francs au meme soldat; ils devaient ensuite, a
la fin de chaque semaine, se presenter aux municipalites, qui retiraient
les assignats au taux d'apres lequel ils avaient ete recus. Grace a ces
divers arrangemens, l'armee, qui avait souffert si long-temps, se trouva
enfin dans l'abondance, et commenca a gouter le fruit de ses victoires.
Nos triomphes si surprenans en Hollande n'etaient pas moins eclatans en
Espagne. La, grace au climat, les operations avaient pu continuer.
Dugommier, quittant les Hautes-Pyrenees, s'etait porte en presence de la
ligne ennemie, et avait attaque sur trois points la longue chaine des
positions prises par le general La Union. Le brave Dugommier fut tue
d'un boulet de canon a l'attaque du centre. La gauche n'avait pas ete
heureuse; mais sa droite, grace a la bravoure et a l'energie d'Augereau,
avait obtenu une victoire complete. Le commandement avait ete donne a
Perignon, qui recommenca l'attaque le 30 brumaire (20 novembre), et
remporta un succes decisif. L'ennemi avait fui en desordre, et nous
avait laisse le camp retranche de Figuieres. La terreur meme s'emparant
des Espagnols, le commandant de Figuieres nous avait ouvert la place le
9 frimaire, et nous etions entres ainsi dans l'une des premieres
forteresses de l'Europe. Telle etait notre position en Catalogne. Vers
les Pyrenees occidentales, nous avions pris Fontarabie, Saint-Sebastien,
Tolosa, et nous occupions toute la province de Guipuscoa. Moncey, qui
remplacait le general Muller, avait franchi les montagnes, et s'etait
porte jusqu'aux portes de Pampelune. Cependant, croyant sa position trop
hasardee, il etait revenu sur ses pas, et, appuye sur des positions plus
sures, il attendait le retour de la belle saison pour penetrer dans les
Castilles. L'hiver donc n'avait pu arreter le cours de cette immortelle
campagne, et elle venait de s'achever, au milieu de la saison des neiges
et des frimas, en pluviose, c'est-a-dire en janvier et fevrier. Si la
belle campagne de 93 nous avait sauves de l'invasion par le deblocus de
Dunkerque, de Maubeuge et de Landau, celle de 94 venait de nous ouvrir
la carriere des conquetes, en nous donnant la Belgique, la Hollande, les
pays compris entre Meuse et Rhin, le Palatinat, la ligne des grandes
Alpes, la ligne des Pyrenees, et plusieurs places en Catalogne et en
Biscaye. Plus tard on verra de plus grandes merveilles encore; mais ces
deux
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