campagnes resteront dans l'histoire comme les plus nationales, les
plus legitimes et les plus honorables pour la France.
La coalition ne pouvait resister a tant et de si rudes secousses. Le
cabinet anglais, qui, par les fautes du duc d'York, n'avait perdu que
les etats de ses allies; qui, sous pretexte de les rendre au stathouder,
venait de gagner quarante ou cinquante vaisseaux, et qui allait
s'emparer sous le meme pretexte des colonies hollandaises; le cabinet
anglais pouvait n'etre pas presse de terminer la guerre; il tremblait au
contraire de la voir finir par la dissolution de la coalition; mais la
Prusse, qui apercevait les Francais sur les bords du Rhin et de l'Ems,
et qui voyait le torrent pret a se deborder sur elle, la Prusse n'hesita
plus; elle envoya sur-le-champ au quartier-general de Pichegru un
commissaire pour stipuler une treve, et promettre d'ouvrir immediatement
des negociations de paix. Le lieu choisi pour ces negociations fut Bale,
ou la republique francaise avait un agent qui s'etait attire une grande
consideration aupres des Suisses, par ses lumieres et sa moderation. Le
pretexte employe pour choisir ce lieu fut qu'on pourrait y traiter avec
plus de secret et de repos qu'a Paris meme, ou fermentaient encore trop
de passions, et ou se croisaient une multitude d'intrigues etrangeres;
mais ce n'etait point la le motif veritable. Tout en faisant des avances
de paix a cette republique qu'on s'etait promis d'aneantir par une seule
marche militaire, on voulait dissimuler l'aveu d'une defaite, et on
aimait mieux venir chercher la paix en pays neutre qu'au milieu de
Paris. Le comite de salut public, moins altier que son predecesseur, et
sentant la necessite de detacher la Prusse de la coalition, consentit a
revetir son agent a Bale de pouvoirs suffisans pour traiter. La Prusse
envoya le baron de Goltz, et les pouvoirs furent echanges a Bale le 3
pluviose an III (22 janvier 1795).
L'Empire avait tout autant d'envie de se retirer de la coalition que la
Prusse. La plupart de ses membres, incapables de fournir le quintuple
contingent et les subsides votes sous l'influence de l'Autriche,
s'etaient laisse inutilement presser, pendant toute la campagne, de
tenir leurs engagemens. Excepte ceux qui avaient leurs etats compromis
au-dela du Rhin, et qui voyaient bien que la republique ne les leur
rendrait pas, a moins d'y etre forcee, tous desiraient la paix. La
Baviere, la Suede pour le duche de Holstein, l'elect
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