andonne cette horrible guerre. Il
ne restait d'entierement devoues aux chefs que quelques hommes d'un
temperament tout a fait militaire, des contrebandiers, des deserteurs,
des braconniers, pour lesquels les combats et le pillage etaient devenus
un besoin, et qui se seraient ennuyes des travaux agricoles; mais
ceux-la etaient peu nombreux; ils composaient la troupe d'elite,
constamment reunie, mais tres insuffisante pour soutenir les efforts
republicains. Ce n'etait qu'avec la plus grande peine qu'on pouvait, les
jours d'expedition, arracher les paysans a leurs champs. Ainsi les trois
chefs vendeens n'avaient presque plus de forces. Malheureusement pour
eux, ils n'etaient pas meme unis. On a vu que Stofflet, Sapinaud et
Charette, avaient fait a Jalais des conventions qui n'etaient qu'un
ajournement de leurs rivalites. Bientot Stofflet, inspire par
l'ambitieux abbe Bernier, avait voulu organiser son armee a part, et se
donner des finances, une administration, tout ce qui constitue enfin une
puissance reguliere; et, dans ce but, il voulait fabriquer un
papier-monnaie. Charette, jaloux de Stofflet, s'etait vivement oppose a
ses desseins. Seconde de Sapinaud, dont il disposait, il avait somme
Stofflet de renoncer a son projet, et de comparaitre devant le conseil
commun institue par les conventions de Jalais. Stofflet refusa de
repondre. Sur son refus, Charette declara les conventions de Jalais
annulees. C'etait en quelque sorte le depouiller de son commandement,
car c'etait a Jalais qu'ils s'etaient reciproquement reconnu leurs
titres. La brouille etait donc complete, et ne leur permettait pas de
remedier a l'epuisement par le bon accord. Quoique les agens royalistes
de Paris eussent mission de lier correspondance avec Charette, et de lui
faire arriver les lettres du regent, rien n'etait encore parvenu a ce
chef.
La division de Scepeaux, entre la Loire et la Vilaine, presentait le
meme spectacle. En Bretagne, il est vrai, l'energie etait moins
relachee: une longue guerre n'avait point epuise les habitans. La
chouannerie etait un brigandage lucratif, qui ne fatiguait nullement
ceux qui s'y livraient, et d'ailleurs un chef unique, et d'une
perseverance sans egale, etait la pour ranimer l'ardeur prete a
s'eteindre. Mais ce chef, qui, comme on l'a vu, n'attendait pour partir
que d'avoir acheve l'organisation de la Bretagne, venait de se rendre a
Londres, afin d'entrer en communication avec le cabinet anglais et les
princes fr
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