ope. On recueillait les moindres circonstances pour
en tirer des conjectures. Les malheureux enfans de Louis XVI, prives de
tous leurs parens, et separes l'un de l'autre dans la prison du Temple,
avaient vu leur sort un peu ameliore depuis le 9 thermidor. Le
cordonnier Simon, gardien du jeune prince, avait peri comme complice de
Robespierre. On lui avait substitue trois gardiens, dont un seul
changeait chaque jour, et qui montraient au jeune prince plus
d'humanite. On tirait de ces changemens operes au Temple de vastes
consequences. Le travail projete sur les moyens de retirer les assignats
donnait lieu aussi a de grandes conjectures. Les royalistes, qui se
montraient deja, et dont le nombre s'augmentait de ces incertains qui
abandonnent toujours un parti qui commence a faiblir, disaient avec
malice qu'on allait faire la paix. Ne pouvant plus dire aux
republicains: Vos armees seront battues, ce qui avait ete repete trop
souvent sans succes, et ce qui devenait trop niais, ils leur disaient:
On va les arreter dans la victoire; la paix est signee; on n'aura pas le
Rhin; la condition de la paix sera le retablissement de Louis XVII sur
le trone, la rentree des emigres, l'abolition des assignats, la
restitution des biens nationaux. On concoit combien de tels bruits
devaient irriter les patriotes. Ceux-ci, deja effrayes des poursuites
dirigees contre eux, voyaient avec desespoir le but qu'ils avaient
poursuivi avec tant d'effort, compromis par le gouvernement. A quoi
destinez-vous le jeune Capet? disaient-ils; qu'allez-vous faire des
assignats? Nos armees n'auront-elles verse tant de sang que pour etre
arretees au milieu de leurs victoires? n'auront-elles pas la
satisfaction de donner a leur patrie la ligne du Rhin et des Alpes?
L'Europe a voulu demembrer la France; la juste represaille de la France
victorieuse sur l'Europe doit etre de conquerir les provinces qui
completent son sol. Que va-t-on faire pour la Vendee? Va-t-on pardonner
aux rebelles quand on immole les patriotes? "Il vaudrait mieux, s'ecria
un membre de la Montagne dans un transport d'indignation, etre Charette
que depute a la convention."
On concoit combien tous ces sujets de division, joints a ceux que la
politique interieure fournissait deja, devaient agiter les esprits. Le
comite de salut public, se voyant presse entre les deux partis, se crut
oblige de s'expliquer: il vint declarer a deux reprises differentes, une
premiere fois par l'organe de Carnot, une
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