Amsterdam, la gauche vers La Haye, prenaient
successivement possession de toutes les provinces. Le merveilleux
lui-meme vint s'ajouter a cette operation de guerre deja si
extraordinaire. Une partie de la flotte hollandaise mouillait pres du
Texel. Pichegru, qui ne voulait pas qu'elle eut le temps de se detacher
des glaces et de faire voile vers l'Angleterre, envoya des divisions de
cavalerie et plusieurs batteries d'artillerie legere vers la
Nord-Hollande. Le Zuyderzee etait gele: nos escadrons traverserent au
galop ces plaines de glace, et l'on vit des hussards et des artilleurs a
cheval sommer comme une place forte ces vaisseaux devenus immobiles. Les
vaisseaux hollandais se rendirent a ces assaillans d'une espece si
nouvelle.
A la gauche, il ne restait plus qu'a s'emparer de la province de
Zelande, qui se compose des iles placees a l'embouchure de l'Escaut et
de la Meuse; et a la droite, des provinces de l'Over-Yssel, Drenthe,
Frise et Groningue, qui joignent la Hollande au Hanovre. La province de
Zelande, forte de sa position inaccessible, proposa une capitulation un
peu fiere, par laquelle elle demandait a ne pas recevoir de garnison
dans ses principales places, a ne pas etre soumise a des contributions,
a ne pas recevoir d'assignats, a conserver ses vaisseaux et ses
proprietes publiques et particulieres, en un mot a ne subir aucun des
inconveniens de la guerre. Elle demandait aussi pour les emigres
francais la faculte de se retirer sains et saufs. Les representans
accepterent quelques-uns des articles de la capitulation, ne prirent
aucun engagement quant aux autres, disant qu'il fallait en referer au
comite de salut public; et sans plus d'explications, ils entrerent dans
la province, fort contens d'eviter les dangers d'une attaque de vive
force, et de conserver les escadres, qui auraient pu etre livrees a
l'Angleterre. Tandis que ces choses se passaient a la gauche, la droite
franchissant l'Yssel, chassait les Anglais devant elle, et les rejetait
jusqu'au-dela de l'Ems. Les provinces de Frise, de Drenthe et de
Groningue, se trouverent ainsi conquises, et les sept Provinces-Unies
soumises aux armes victorieuses de la republique.
Cette conquete, due a la saison, a la constance admirable de nos
soldats, a leur heureux temperament pour resister a toutes les
souffrances, beaucoup plus qu'a l'habilete de nos generaux, excita en
Europe un etonnement mele de terreur, et en France un enthousiasme
extraordinaire. Carnot
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