ses soldats, qui etaient couverts de gale et
de vermine, etait alle a Bruxelles se faire guerir d'une maladie
cutanee. Moreau et Regnier l'avaient remplace: tous deux conseillaient
le repos et les quartiers d'hiver. Le general hollandais Daendels,
refugie hollandais, militaire intrepide, proposait avec instance une
premiere tentative sur l'ile de Bommel, sauf a ne pas poursuivre si
cette attaque ne reussissait pas. La Meuse et le Wahal, coulant
parallelement vers la mer, se joignent un moment fort au-dessous de
Nimegue, se separent de nouveau, et se reunissent encore a Wondrichem,
un peu au-dessus de Gorcum. Le terrain compris entre leurs deux bras
forme ce qu'on appelle l'ile de Bommel. Malgre l'avis de Moreau et
Regnier, une attaque fut tentee sur cette ile par trois points
differens: elle ne reussit pas, et fut abandonnee sur-le-champ avec une
grande bonne foi, surtout de la part de Daendels, qui s'empressa d'en
avouer l'impossibilite des qu'il l'eut reconnue.
Alors, c'est-a-dire vers le milieu de frimaire (commencement de
decembre), on donna a l'armee les quartiers d'hiver dont elle avait tant
besoin, et on etablit une partie des cantonnemens autour de Breda pour
en former le blocus. Cette place et celle de Grave ne s'etaient pas
rendues, mais le defaut de communications pendant la duree de l'hiver
devait certainement les obliger a se rendre.
C'est dans cette position que l'armee croyait voir s'achever la saison;
et certes, elle avait assez fait pour etre fiere de sa gloire et de ses
services. Mais un hasard presque miraculeux lui reservait de nouvelles
destinees: le froid, deja tres vif, augmenta bientot au point de faire
esperer que peut-etre les grands fleuves seraient geles. Pichegru quitta
Bruxelles, et n'acheva pas de se faire guerir, afin d'etre pret a
saisir l'occasion de nouvelles conquetes, si la saison la lui offrait.
En effet, l'hiver devint bientot plus rude, et s'annonca comme le plus
rigoureux du siecle. Deja la Meuse et le Wahal charriaient et leurs
bords etaient pris. Le 3 nivose (23 decembre), la Meuse fut entierement
gelee, et de maniere a pouvoir porter du canon. Le general Walmoden, a
qui le duc d'York avait laisse le commandement en partant pour
l'Angleterre, et qu'il avait condamne ainsi a n'essuyer que des
desastres, se vit dans la position la plus difficile. La Meuse etant
glacee, son front se trouvait decouvert; et le Wahal charriant, menacant
meme d'emporter tous les ponts, sa retraite
|