fisquer a la _mesure_ l'approbation du Corps legislatif et de son
principal organe. Fontanes, indigne, courut au _Moniteur_, et exigea un
_erratum_ qui fut insere le 6 germinal, et qu'on y peut lire imprime en
aussi petit texte que possible. Cela fait, il se crut perdu; de meme
qu'il avait de ces premiers mouvements qui sont de l'honnete homme avant
tout, il avait de ces crises d'imagination qui sont du poete. En ne le
jugeant que sur sa parole habile, on se meprendrait tout a fait sur le
mouvement de son esprit et sur la vivacite de son ame. Quoi qu'il en
soit, il avait quelque lieu ici de redouter ce qui n'arriva pas. Mais
Bonaparte fut profondement blesse, et, depuis ce jour, la fortune de
Fontanes resta toujours un peu barree par son milieu. Nous sommes si
loin de ces temps, que cela aura peine a se comprendre; mais, en effet,
si comble qu'il nous paraisse d'emplois et de dignites, certaines
faveurs imperiales, alors tres-haut prisees, ne le chercherent jamais.
Que sais-je? dotation modique, pas le grand cordon; ce qu'on appelait
_les honneurs du Louvre_, qu'il eut jusqu'a la fin a titre de senateur,
mais que ne conserva pas madame de Fontanes des qu'il eut cesse d'etre
president du Corps legislatif: l'_errata_ du _Moniteur_, au fond, etait
toujours la.
[Note 135: Ceci confirme et complete sur un point la Notice de
M. Roger, qui nous complete nous-meme sur quelques autres
points.--Aujourd'hui que M. Roger n'est plus, nous nous permettrons
d'ajouter que sa Notice est d'ailleurs tout empreinte d'une couleur
royaliste exageree et retroactive; elle sent l'homme de parti. M. Roger
n'a jamais ete que cela.]
[Note 136: A la facon dont les auteurs de l'_Histoire parlementaire de
la Revolution francaise_ parlent de ce discours (tome XXXIX, page 59),
on voit qu'au sortir des couleurs fortes et tranchees des epoques
anterieures, ils n'ont pas pris la peine d'entrer dans les nuances, ni
de les vouloir distinguer.]
Un autre _errata_ s'ajouta ensuite au premier, nous le verrons; et, meme
en plein Empire, a dater d'un certain moment, il pouvait dire tout bas a
sa muse intime dans ses tristesses _de l'Anniversaire_:
De tant de voeux trompes fais rougir mon orgueil!
Pourtant Fontanes continua, durant quatre annees, de tenir sans
apparence de disgrace la presidence du Corps legislatif. Propose a
chaque session par les suffrages de ses collegues, il etait choisi
par l'Empereur. La situation admise, on avait en lui par exce
|