es.
--Et il les a payees?
--Mais sans doute.
--Eh bien? cela ne prouve pas, il me semble, que ce soit un jeune homme
desordonne, au contraire.
Sur un autre sujet plus delicat que Dayelle avait traite avec toutes
sortes de menagements, elle avait repondu sur le meme ton.
--Alors il a eu des maitresses, M. de Naurouse?
Dayelle avait incline la tete.
--Et il les a aimees?
Dayelle avait repete le meme signe afflige.
--Il a fait des folies pour elles?
--Scandaleuses.
--Vraiment! Et en quoi etaient-elles scandaleuses? Voila ce que je
voudrais bien savoir.
--C'est la une question qui n'est pas convenable dans ta bouche,
interrompit madame de Barizel, qui, voyant la tournure que prenait
l'entretien, aurait voulu le couper court, de peur que Corysandre, par
quelques mots d'enfant terrible, ne fachat Dayelle.
--Alors je la retire, ma question, dit Corysandre, jusqu'au jour ou je
pourrai la poser a M. de Naurouse lui-meme, ce qui sera bien plus drole.
--Corysandre!
--Si je ne dois pas avoir la fin des histoires que vous commencez,
pourquoi les commencez-vous? qu'est-ce que cela me fait, a moi, que M.
de Naurouse ait gaspille une partie de sa fortune; qu'est-ce que cela me
fait qu'il ait eu des maitresses et qu'il les ait aimees follement? cela
prouve qu'il est capable d'amour et meme de passion, ce que je trouve
tres beau. Quand je dis que cela ne me fait rien, ce n'est pas tres
vrai, et, pour etre sincere, car il faut toujours etre sincere, n'est-ce
pas?
Dayelle, a qui elle s'adressait, ne repondit pas.
--Pour etre sincere, je dois dire que cela me fait plaisir.
--Et pourquoi? demanda Dayelle serieusement.
--Parce que cela confirme le jugement que j'avais porte sur M. de
Naurouse en le regardant.
--Et quel jugement aviez-vous porte? demanda Dayelle.
--Ne l'interrogez pas, dit madame de Barizel, elle va vous repondre
quelque sottise.
Habituellement, lorsque sa mere l'interrompait ainsi, ce qui arrivait
assez souvent devant Leplaquet, Dayelle ou Avizard, c'est-a-dire devant
des amis intimes, Corysandre se taisait en prenant une attitude ou il
y avait plus de dedain que de soumission, mais cette fois il n'en fut
point ainsi; au lieu de courber la tete, elle la releva.
--En quoi donc est-ce une sottise, dit-elle lentement, de repondre a une
question que M. Dayelle trouve bon de me poser? Si j'ai dit que cela me
faisait plaisir d'apprendre que M. de Naurouse etait capable d'amour,
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