ap. XXVII, XXVIII et XXIX.)
Les opinions philosophiques d'Abelard ont ete incompletement exposees
par les divers historiens de la philosophie, qui jusqu'a ces derniers
temps, ne connaissaient pas ceux de ses ouvrages ou elles sont exposees.
Voyez pourtant, outre Brucker deja cite, Tennemann (_Geschichte der
Philosophie_, t. VIII, part. I, chap. V, p. 170, Leipzig, 1810);
Degerando (Histoire comparee des systemes de philosophie, t. IV, ch.
XXVI, p. 397), et la note du commencement du chap. III de notre livre
II. Mais les doctrines d'Abelard ne commencent a etre bien connues que
depuis l'introduction de M. Cousin (_Ouvr. ined., ou Fragments philos._,
t. III). On peut consulter aussi l'ouvrage intitule: _Etudes sur
la philosophie dans le moyen age_, par M. Rousselot (3 vol. in-8 deg.,
1840-1842). Il a paru quelques dissertations en Allemagne que nous
citons en leur lieu.
ABELARD.
LIVRE PREMIER.
VIE D'ABELARD.
Lorsqu'on suit, en quittant Nantes, la route de Poitiers, on traverse,
avant d'arriver a Clisson, un bourg forme d'une longue rue et qui se
nomme le Pallet. Apres les dernieres maisons, on apercoit a gauche
au-dessus du chemin une eglise, remarquable seulement par sa simplicite
et par la vetuste de quelques-unes de ses parties. Derriere cette eglise
et sur une hauteur, des restes de murs epais, avec des vestiges de
fosses, indiquent sous le lierre qui les couvre une ancienne et forte
construction, et renferment maintenant un carre d'arbustes et de grandes
herbes, cimetiere abandonne ou s'eleve une vieille croix de pierre parmi
quelques modestes tombeaux. Ces ruines sont celles de la demeure des
seigneurs du Pallet, detruite en 1420, lors des guerres qui suivirent
l'attentat commis sur Jean V, duc de Bretagne, par Marguerite de
Clisson. C'etait la, qu'au XIe siecle, un petit chateau fortifie
dominait le bourg, du haut d'une eminence a pic sur l'etroite riviere de
la Sangueze, ainsi nommee, dit-on, pour avoir ete souvent rougie du
sang des combattants, au temps des luttes acharnees des Bretons et des
Anglais.
En 1079, Philippe Ier etait roi des Francais, et Hoel IV, duc de
Bretagne, lorsque dans ce bourg et dans ce chateau, son domaine, un
personnage noble, Berenger, eut de sa femme Lucie un fils qu'il nomma
Pierre[2]. C'etait l'aine de sa famille, qui s'augmenta bientot de
plusieurs enfants; ses autres fils s'appelerent Raoul, peut-etre
Porcaire et Dagobert, et sa fille, Denyse. Le p
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