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Pensant marcher sur quelque chose de solide, je m'enfonce et
disparais. Mais, revenu au-dessus de l'eau, je gagne l'autre bord a la
nage. Enfin, j'arrive au village, j'entre dans la premiere maison que
je rencontre et ou je trouve la premiere chambre occupee par une
vingtaine d'hommes, officiers et domestiques, endormis. Je gagne le
mieux possible un banc qui etait place autour d'un grand poele bien
chaud, je me deshabille, je m'empresse de tordre ma chemise et mes
habits, pour en faire sortir l'eau, et je m'accroupis sur le banc, en
attendant que tout soit sec; au jour, je m'arrange le mieux possible,
et je sors de la maison pour aller chercher mes armes et mon sac, que
je retrouve dans la boue.
Le lendemain 30, il fit un beau soleil qui secha tout, et, le meme
jour, nous arrivames a Wilna, capitale de la Lithuanie, ou l'Empereur
etait arrive, depuis la veille, avec une partie de la Garde.
Pendant le temps que nous y restames, je recus une lettre de ma mere,
qui en contenait une autre a l'adresse de M. Constant, premier valet
de chambre de l'Empereur, qui etait de Peruwelz[11], Belgique. Cette
lettre etait de sa mere, avec qui la mienne etait en connaissance. Je
fus ou etait loge l'Empereur pour la lui remettre, mais je ne
rencontrai que Roustan, le mameluck de l'Empereur, qui me dit que M.
Constant venait de sortir avec Sa Majeste. Il m'engagea a attendre son
retour, mais je ne le pouvais pas, j'etais de service. Je lui donnai
la lettre pour la remettre a son adresse, et je me promis de revenir
voir M. Constant. Mais le lendemain, 16 juillet, nous partimes de
cette ville.
[Note 11: Gros bourg belge a sept kilometres de Conde, lieu de
promenade frequente, a cause du pelerinage de Bonsecours.]
Nous en sortimes a dix heures du soir, en marchant dans la direction
de Borisow, et nous arrivames, le 27, a Witebsk, ou nous rencontrames
les Russes. Nous nous mimes en bataille sur une hauteur qui dominait
la ville et les environs. L'ennemi etait en position sur une hauteur a
droite et a gauche de la ville. Deja la cavalerie, commandee par le
roi Murat, avait fait plusieurs charges. En arrivant, nous vimes 200
voltigeurs du 9e de ligne, et tous Parisiens, qui, s'etant trop
engages, furent rencontres par une partie de la cavalerie russe que
l'en venait de repousser.
Nous les regardions comme perdus, si l'on n'arrivait assez tot pour
les secourir, a cause des ravins et de la riviere qui empechait
d'aller directement
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