ient retires, les
maisons ayant ete toutes ecrasees.
Le 21, nous partimes de cette position. Le meme jour, nous traversames
le plateau de Valoutina ou, deux jours avant, une affaire sanglante
venait d'avoir lieu, et ou le brave general Gudin avait ete tue.
Nous continuames notre route et nous arrivames a marches forcees, a
une ville nommee Dorogoboui; nous en partimes le 24, en poursuivant
les Russes jusqu'a Viasma, qui, deja, etait toute en feu. Nous y
trouvames de l'eau-de-vie et un peu de vivres. Nous continuames de
marcher jusqu'a Ghjat, ou nous arrivames le 1er de septembre. Nous y
fimes sejour. Ensuite, on fit, dans toute l'armee, la recapitulation
des coups de canon et de fusil qu'il y avait a tirer pour le jour ou
une grande bataille aurait lieu. Le 4, nous nous remettions en marche;
le 5, nous rencontrames l'armee russe en position. Le 61e de ligne lui
enleva la premiere redoute.
Le 6, nous nous preparames pour la grande bataille qui devait se
donner le lendemain: l'un prepare ses armes, d'autres du linge en cas
de blessure, d'autres font leur testament, et d'autres, insouciants,
chantent ou dorment. Toute la Garde imperiale eut l'ordre de se mettre
en grande tenue.
Le lendemain, a cinq heures du matin, nous etions sous les armes, en
colonne serree par bataillons. L'Empereur passa pres de nous en
parcourant toute la ligne, car deja, depuis plus d'une demi-heure, il
etait a cheval.
A sept heures, la bataille commenca; il me serait impossible d'en
donner le detail, mais ce fut, dans toute l'armee, une grande joie en
entendant le bruit du canon, car l'on etait certain que les Russes,
comme les autres fois, n'avaient pas decampe, et qu'on allait se
battre. La veille au soir et une partie de la nuit, il etait tombe une
pluie fine et froide, mais, pour ce grand jour, il faisait un temps et
un soleil magnifiques.
Cette bataille fut, comme toutes nos grandes batailles, a coups de
canon, car, au dire de l'Empereur, cent vingt mille coups furent tires
par nous. Les Russes eurent au moins cinquante mille hommes, tant tues
que blesses. Notre perte fut de dix-sept mille hommes; nous eumes
quarante-trois generaux hors de combat, dont huit, a ma connaissance,
furent tues sur le coup. Ce sont: Montbrun, Huard, Caulaincourt (le
frere du grand ecuyer de l'Empereur), Compere, Maison, Plauzonne,
Lepel et Anabert. Ce dernier etait colonel d'un regiment de chasseurs
a pied de la Garde, et comme, a chaque instant, l'on
|