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e assassine par un Espagnol de la ville de Bilbao. En attendant qu'elle en ait choisi un autre, il faut la proteger. Ainsi, mon pays, c'est entendu, vous allez venir avec quelques-uns de vos amis, parce que, lorsqu'il y en a pour trois, il y en a pour quatre. Allons! En avant, marche!" Et nous nous mimes en route, dans la direction de leur corps d'armee, qui formait l'avant-garde. Nous arrivames au camp des enfants de Conde; nous etions quatre invites: deux dragons, Melet, qui etait de Conde, et Flament, de Peruwelz, ensuite Grangier, sous-officier dans le meme regiment que moi. Nous nous installames pres de la voiture de la cantiniere, qui etait effectivement une jolie Espagnole, qui nous recut avec joie, parce que nous arrivions de son pays, et que nous parlions assez bien sa langue, surtout le dragon Flament, de sorte que nous passames la nuit a boire le vin du general russe et a causer du pays. Il commencait a faire jour, lorsqu'un coup de canon mit fin a notre conversation. Nous rentrames chacun chez nous, en attendant l'occasion de nous revoir. Les pauvres garcons ne pensaient pas que, quelques jours plus tard, onze d'entre eux auraient fini d'exister. C'etait le 28; nous nous attendions a une bataille, mais l'armee russe se retira et, le meme jour, nous entrames a Witebsk, ou nous restames quinze jours. Notre regiment occupait un des faubourgs de la ville. J'etais loge chez un juif qui avait une jolie femme et deux filles charmantes, avec des figures ovales. Je trouvai, dans cette maison, une petite chaudiere a faire de la biere, de l'orge, ainsi qu'un moulin a bras pour le moudre; mais le houblon nous manquait. Je donnai douze francs au juif pour nous en procurer, et, dans la crainte qu'il ne revint pas, nous gardames, pour plus de surete, Rachel, sa femme, et ses deux filles en otage. Mais, vingt-quatre heures apres son depart, Jacob le juif etait de retour avec du houblon. Il se trouvait, dans la compagnie, un Flamand, brasseur de son etat, qui nous fit cinq tonnes de biere excellente. Le 13 aout, lorsque nous partimes de cette ville, il nous restait encore deux tonnes de biere que nous mimes sur la voiture de la mere Dubois, notre cantiniere, qui eut le bon esprit de rester en arriere et de la vendre, a son profit, a ceux qui marchaient apres nous, tandis que nous, marchant par la grande chaleur, nous mourions de soif. Le 16, de grand matin, nous arrivames devant Smolensk. L'ennemi venait de s'y
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