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se fait en vous, ne tarde pas a vous imposer cet axiome: la vie est une chose, le theatre en est une autre. De la, cette conclusion: quand on veut faire du theatre, il s'agit d'oublier la vie et de manoeuvrer ses personnages d'apres une tactique particuliere, dont on apprend les regles. Allez donc vous etonner ensuite si les debutants ne lancent pas des pieces originales! Ils sont deflores par dix ans de representations subies. Quand ils evoquent l'idee de theatre, toute une longue suite de vaudevilles et de melodrames defilent et les ecrasent. Ils ont dans le sang la tradition. Pour se degager de cette education abominable, il leur faut de longs efforts. Certes, je crois qu'un garcon qui n'aurait jamais mis les pieds dans une salle de spectacle, serait beaucoup plus pres d'un chef-d'oeuvre qu'un garcon dont l'intelligence a recu l'empreinte de cent representations successives. Et l'on surprend tres bien la comment la convention theatrale se forme. C'est une autre langue que l'on apprend a parler. Dans les familles riches, on a une gouvernante anglaise ou allemande qui est chargee de parler sa langue aux enfants, pour que ceux-ci l'apprennent sans meme s'en apercevoir. Eh bien, c'est de cette facon que se transmet la convention theatrale. A notre insu, nous l'admettons comme une chose courante et naturelle. Elle nous prend tout jeunes et ne nous lache plus. Cela nous semble necessaire qu'on agisse autrement sur les planches que dans la vie de tous les jours. Nous en arrivons meme a marquer certains faits comme appartenant specialement au theatre. "Ca, c'est du theatre", disons-nous, tellement nous distinguons entre ce qui est et ce que nous avons accepte. Le pis est que cette phrase: "Ca, c'est du theatre", prouve a quel point de simple facture nous avons rabaisse notre scene nationale. Est-ce que du temps de Moliere et de Racine, un critique aurait ose louer leurs chefs-d'oeuvre, en disant: "C'est du theatre"? Aujourd'hui, quand on dit qu'une piece est du theatre, il n'y a plus qu'a tirer l'echelle. C'est, je le repete une fois encore, que l'intrigue et la charpente priment tout, dans notre litterature dramatique. Le code theatral que le gout public impose n'a pas cent ans de date, et j'enrage lorsque j'entends qu'on le donne comme une loi revelee, a jamais immuable, qui a toujours ete et qui sera toujours. Si l'on se contentait de voir dans ce pretendu code une formule passagere qu'une autre formule remplacera d
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