generale de notre litterature, ecrite sur
les documents exacts et d'apres la methode scientifique.
Des lors, on doit comprendre quelle a ete ma joie, en lisant l'_Histoire
du costume au theatre_, qui ne traite a la verite qu'un cote assez
restreint de la question, mais qui suffit pour indiquer nettement
l'evolution naturaliste au theatre, depuis le quinzieme siecle jusqu'a
nos jours. La tentative est excellente; maintenant on peut voir ce que
donnerait une Histoire generale.
II
Du quinzieme siecle au dix-septieme, la confusion est absolue pour
le costume au theatre. Ce qui domine, c'est un besoin de richesse
croissant, sans aucun souci de bon sens ni d'exactitude. Dans les
ballets, dans les embryons des premiers operas, on voit les deesses, les
rois, les reines, vetus d'etoffes d'or et d'argent, avec une fantaisie
et une prodigalite dont nos feeries peuvent donner une idee. Les pieces
historiques, d'ailleurs, sont traitees de la meme facon; les Grecs, les
Romains, ont des ajustements mythologiques du caprice le plus singulier.
Pourtant, des Mazarin, un mouvement se produit vers la verite; le
cardinal apportait de l'Italie le gout de l'antiquite; seulement, il
faut ajouter que les costumes offraient toujours d etranges compromis.
Enfin, arrive le costume romain, tel que le portaient les heros de
Racine. Ce costume etait copie sur celui des statues d'empereurs romains
que nous a laissees l'antiquite. Mais Louis XIV, qui venait de l'adopter
pour ses carrousels, l'avait defigure d'une etonnante maniere. Ecoutez M
Jullien:
"La cuirasse, tout en gardant la meme forme, est devenue un corps de
brocart; les knemides se sont changees en brodequins de soie brodee
s'adaptant sur des souliers a talons rouges, et les noeuds de rubans
remplacent les franges des epaules. Enfin, un tonnelet dentele, rond
et court, un petit glaive dont le baudrier passe sous la cuirasse;
par-dessus tout cela la perruque et la cravate de satin: voila ce qui
composait l'habit a la romaine du dix-septieme siecle. Le casque de
carrousel, qui reste dans l'opera, est le plus souvent remplace dans la
tragedie par le chapeau de cour avec plumes."
Voila dans quel attirail ont ete crees tous les chefs-d'oeuvre de
Racine. D'ailleurs, les tragedies de Corneille etaient, elles aussi,
mises a cette mode; on voyait Horace poignarder Camille en gants blancs.
Et remarquez qu'il y avait la un progres, car jusqu'a un certain point
ce costume d'apparat se ba
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