humanite, est-ce qu'on fixe jamais sa marche en avant? Certes,
non, toutes les reformes ne sont pas accomplies. Pour nous en tenir
au costume, que d'erreurs aujourd'hui encore, de luxe inutile, de
coquetterie deplacee, de vetements de fantaisie! D'ailleurs, comme le
dit tres bien M. Jullien, tout se tient au theatre. Quand les pieces
seront plus humaines, quand la fameuse langue de theatre disparaitra
sous le ridicule, quand les roles vivront davantage notre vie, ils
entraineront la necessite de costumes plus exacts et d'une diction plus
naturelle. C'est la ou nous allons, scientifiquement.
III
Maintenant je parlerai de l'epoque actuelle, je repondrai aux critiques
qui s'etonnent de notre guerre aux conventions. Pour eux, on a pousse
la verite aussi loin que possible sur la scene; en un mot, tout serait
fait, nos devanciers ne nous auraient rien laisse a faire. J'ai deja
prouve, selon moi, que le mouvement naturaliste qui nous emporte depuis
les premiers jours de notre theatre national, ne saurait s'arreter une
minute, qu'il est necessaire et continu, dans l'essence meme de notre
nature. Mais cela ne suffit pas, il faut toujours en arriver aux faits,
lorsqu'on veut etre clair et decisif.
J'accorde volontiers que nous avons obtenu une grande exactitude dans le
costume historique. Aujourd'hui, lorsqu'on monte une piece de quelque
importance se passant en France ou a l'etranger, dans des epoques plus
ou moins lointaines, on copie les costumes sur les documents du temps,
on se pique de ne rien negliger pour arriver a une authenticite absolue.
Je ne parle pas des petites tricheries, des negligences dissimulees sous
une exageration de zele. Il y a aussi la question de la coquetterie des
femmes; les comediennes reculent souvent encore devant des ajustements
etranges et incommodes qui les enlaidiraient; alors, elles s'en tirent
par un brin de fantaisie, elles changent la coupe, ajoutent des bijoux,
inventent une coiffure. Malgre cela, l'ensemble reste satisfaisant; il
y a eu la, au theatre, un mouvement fatal determine par les etudes
historiques des cinquante dernieres annees. Devant les gravures, les
textes de toutes sortes exhumes par les chercheurs, devant cette
connaissance de plus en plus elargie et familiere des ages morts, il
devenait naturel que le public exigeat une resurrection exacte des
epoques mises en scene. Ce n'est donc pas un caprice, une affaire de
mode, mais une marche logique des esprits.
Donc, s
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