des promesses
plus ou moins nettes de talent. En un mot, les oeuvres existent; ce qui
manque, ce sont les theatres.
Vraiment, de qui se moque-t-on? Ou sont-elles, les oeuvres? Je demande
a les voir. C'est justement parce qu'il n'y a pas d'oeuvres que les
theatres se ruinent. Je n'ai jamais cru aux chefs d'oeuvre inconnus.
Toutes sortes de legendes mauvaises circulent sur l'impossibilite ou est
un debutant d'arriver au public. Ce qu'il faut dire, c'est que toute
bonne piece a ete jouee, c'est qu'on ne pourrait citer un drame ou une
comedie de merite qui n'ait eu son heure et son succes. Voila la verite,
la verite consolante, qui est bonne pour les forts, si elle gene les
incompris et les impuissants.
Certes, les directeurs se trompent souvent, et ils penchent
naturellement davantage vers les succes d'argent que vers les
speculations litteraires pures. Mais quel est le directeur qui
repousserait une bonne piece, s'il la croyait bonne? Il faudra toujours
passer par un jugement, meme dans un theatre ouvert expres pour les
debutants; et il y aura une coterie, et il y aura des sottises. Sottise
pour sottise, celle de l'homme qui defend sa bourse est encore plus
soucieuse de la reussite. Aujourd'hui, tous les directeurs en sont a
chercher des pieces; ils sentent, leurs fournisseurs habituels vieillir,
ils s'inquietent, ils voudraient du nouveau. Questionnez-les, ils vous
diront qu'ils feraient le voyage de toutes les mansardes de Paris, s'ils
savaient qu'un garcon de talent se cachat quelque part. Ils ne trouvent
rien, rien, rien, telle est la triste verite.
Or, c'est l'instant que l'on choisit pour reclamer l'ouverture d'un
nouveau theatre. La Porte-Saint-Martin, l'Ambigu, le Theatre-Historique
ne trouvent plus de drames; vite ouvrons une salle nouvelle, pour
elargir la disette des bonnes pieces. Et qu'on ne vienne pas dire que,
systematiquement, les directeurs repoussent les tentatives; ils ont
tout essaye, les drames a panaches, les drames historiques, les drames
tailles sur le patron de 1830. S'ils ont abandonne la partie, c'est que
le public s'est desinteresse de ces formules anciennes, c'est que les
pretendus jeunes, les poetes figes qui leur apportent ces pastiches,
n'ont absolument aucune originalite dans le ventre. On ne galvanise
pas le passe. Au theatre surtout, il n'est pas permis de retourner en
arriere. C'est l'epoque, c'est le milieu ambiant, c'est le courant des
esprits qui font les pieces vivantes.
Et
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