croyais fallait
dire _strangled_; c'etait strangle. C'etait la meme chose. Allez
vitement."
Caroline partit en riant. Elle avait a peine fait dix pas qu'elle
s'entendit encore appeler par la fenetre.
M. GEORGEY.--Caroline, _my dear_, vous acheter tous les
_turkeys_ de Madme Bonard, et tous les semaines vous prendre deux
_turkeys_, et moi manger deux _turkeys_.
CAROLINE.--Combien faut-il les payer, Monsieur?
M. GEORGEY.--Vous payer quoi demandait Madme Bonard, et vous faire mes
salutations. Allez, _my dear_, vous courir vitement."
La tete de M. Georgey disparut; la fenetre se referma. Caroline marcha
vite d'abord; quand elle fut hors de vue, elle prit son pas accoutume.
"Quand je perdrais quelques minutes, se dit-elle, les tarke, comme il
les appelle, n'auront pas disparu. Mais, avec lui, c'est toujours vite,
vite. Il n'a pas de patience. C'est un brave homme tout de meme, et les
Bourel le savent bien. Ils l'attrapent joliment. C'est le garcon surtout
que je n'aime pas. Il trompe ce pauvre M. Georgey que c'est une pitie.
Je finirai bien par le demasquer tout de meme. Tiens! le voila tout
juste; il sort du cafe Margot. Ou prend-il tout l'argent qu'il depense?
Ce n'est toujours pas le pere qui lui en donne; car il est joliment
serre. Tiens! voila le petit Bonard qui le rencontre... Ils entrent dans
le bois, qu'est-ce qu'ils ont a comploter ensemble? Ca me fait l'effet
d'une paire de filous."
Tout en observant et en reflechissant, Caroline etait arrivee chez les
Bonard; elle ne trouva que la femme et lui fit de suite la commission de
M. Georgey.
MADAME BONARD, _riant_.--Ah! c'est M. Georgey qu'il s'appelle;
mes dindes lui ont donne dans l'oeil, a ce qu'il parait. Il est un peu
drole, tout de meme.
CAROLINE.--Lui vendez-vous vos dindes? il les veut toutes.
MADAME BONARD.--Toutes a la fois? Que va-t-il faire de ces quarante-six
betes qu'il faut nourrir et mener dans les champs?
CAROLINE.--Non, non, il en veut deux par semaines; mais il les retient
toutes. Combien les vendez-vous?
MADAME BONARD.--Je les vends quatre francs; mais s'il faut les lui
garder trois ou quatre mois encore, ce n'est pas possible; les betes me
couteraient cher a nourrir; de plus, elles deperiraient et ne vaudraient
plus rien.
CAROLINE.--Il m'a pourtant bien recommande de les acheter toutes.
MADAME BONARD.--Ecoutez; pour l'obliger, je veux bien lui en garder une
douzaine, mais je vendrai le reste a la foire du mois procha
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