nt de votre bonte
pour moi. Je puis aller a la foire?
MADAME BONARD.--Certainement, mon ami; et je t'accompagnerai pour
t'acheter ce qu'il te faut.
FREDERIC.--Et moi, maman, puis-je y aller des le matin?
MADAME BONARD.--Non, mon garcon, tu resteras ici pour garder la maison
et soigner les bestiaux jusqu'a mon retour. Je partirai de bon matin, tu
pourras y aller apres midi."
Mme Bonard remit l'argent dans le sac, rattacha la ficelle, le remit en
place, ota la clef et la posa dans sa cachette, derriere l'armoire. Puis
elle se mit a faire les preparatifs du souper. Julien l'aidait de son
mieux. Frederic resta pensif; au bout de quelques instants, il se leva
et sortit.
MADAME BONARD.--Ou vas-tu, Frederic?
FREDERIC.--Je vais voir si mon pere est rentre avec les chevaux et s'il
a besoin de moi.
MADAME BONARD.--C'est tres bien, mon ami. Cela fera plaisir a ton pere.
"Cela m'etonne, continua-t-elle quand il fut parti; en general, il ne
fait tout juste que ce qui lui a ete commande. Je serais bien heureuse
qu'il changeat de caractere. Maintenant que nous allons te perdre, mon
Julien, il va bien falloir qu'il travaille davantage. Son pere le fera
marcher pour le gros de l'ouvrage, mais pour le detail il faudra que
Frederic y pense de lui-meme et le fasse.
JULIEN.--Il le fera, maitresse, il le fera; moi parti, il ne comptera
plus sur mon aide, et il s'y mettra de tout son coeur.
MADAME BONARD.--Que le bon Dieu t'entende, mon Julien, mais je crains
bien d'avoir a te chercher un remplacant sous peu de jours."
Julien ne repondit pas, car il le pensait aussi. Il continua a s'occuper
du souper. Une demi-heure apres, Bonard rentra.
BONARD.--Le souper est pret? Tant mieux! J'ai une faim a tout devorer.
MADAME BONARD.--A table, alors. Voici la soupe. Donne ton assiette,
Bonard; et toi aussi, Julien. Et Frederic, ou est-il donc? Tu l'as
laisse a l'ecurie?
BONARD.--Je ne l'ai pas vu; je croyais le retrouver ici.
MADAME BONARD.--Comment ca? Il est alle il y a plus d'une demi-heure
au-devant de toi pour t'aider a rentrer et a arranger les chevaux.
BONARD.--Je n'en ai pas entendu parler. Il y longtemps que je suis
revenu, puisque je leur ai fait manger leur avoine, je les ai fait
boire, je leur ai donne leur foin, arrange leur litiere; il faut plus
d'une demi-heure pour tout cela.
MADAME BONARD.--C'est singulier! Va donc voir, Julien."
Julien se leva et alla a la recherche dans la ferme, il prit le chemi
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