Quand le colonel
dira _yes_, je enverrai toi avec des jaunets pour toi etre heureuse
la-bas... Tu voulais? Dis si tu voulais. Tu avais dix-houit ans, tu
pouvais.
FREDERIC.--J'en serais bien heureux, Monsieur; mais mon pere ne voudra
pas, il refusera la permission.
M. GEORGEY.--Je disais tu avais dix-houit annees. Je disais tu pouvais
sans permission. Dis si tu voulais.
FREDERIC.--Oui, Monsieur; je veux, je le veux, bien certainement. Je ne
peux plus vivre chez mon pere, j'y suis trop malheureux. Il ne me parle
que pour m'appeler voleur, coquin, scelerat. Il me fait des menaces
terribles pour m'empecher de recommencer, dit-il. Ma pauvre mere pleure
toujours; mon pere la gronde. La maison est un enfer.
M. GEORGEY.--C'etait mauvais, oune enfer; il fallait oune paradis, et
moi le voulais. Toi devenir oune brave militaire; toi gagner le croix ou
le medaille, et toi revenir toute glorieuse. Le papa devenir glorieuse,
la maman fou de bonheur et toi contente et honorable.
--Merci, Monsieur, merci, s'ecria Frederic rayonnant de joie. Depuis
plus d'un an, je mene la vie la plus miserable, et c'est a vous que je
devrai le bonheur."
M. Georgey regardait avec satisfaction Frederic, dont les yeux se
remplissaient de larmes de reconnaissance.
M. GEORGEY.--C'est tres bien, _my dear_. Toi rester encore bonne
creature; Alcide il etait parti, toi jamais voir cette coquine, cette
malhonnete. C'etait bien."
M. Georgey rentra avec Frederic.
M. GEORGEY.--Caroline, Fridric prendre logement ici. Lui rester oune
semaine. Vous, preparer oune couchaison.
CAROLINE.--Mais, Monsieur, je n'ai ni chambre ni lit a lui donner.
M. GEORGEY.--Vous cherchez dans le bourg vitement.
CAROLINE.--Mais, Monsieur, personne ici n'a de lit a preter.
M. GEORGEY.--Je demandais pas preter; je demandais acheter. Allez
vitement acheter le lit de la coquine Alcide.
CAROLINE.--Combien faudra-t-il le payer, Monsieur?
M. GEORGEY.--Caroline, vous mettez en colere moi. Payez quoi demandera
le coquine de pere. Allez vitement; j'etais tout en bouillonnement."
Caroline disparut pour executer l'ordre de M. Georgey; elle savait que
la contrariete le mettait dans des coleres terribles, et, malgre qu'il
n'eut jamais frappe ni meme injurie personne, elle avait une grande
frayeur de ses yeux etincelants, de ses dents serrees, de ses poings
crispes, de ses mouvements brusques, des coups qu'il frappait sur les
meubles. Le marche fut debattu et pas conc
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