re de ne jamais boire, ni faire boire plus d'un verre a chaque repas."
Les camarades applaudirent a sa resolution, et le repas du soir n'en fut
que plus gai; les provisions de M. Georgey eurent un succes prodigieux;
Frederic fut oblige de les retirer pour empecher les accidents.
"Nous serons bien heureux, dit-il, de les retrouver demain, mes amis.
LES CAMARADES.--Au fait, ton acquittement vaut bien deux jours de fete.
FREDERIC.--Tous les jours de ma vie seront des jours de fete et
d'actions de grace au bon Dieu et a mes excellents chefs.
LE BRIGADIER.--Notre bon aumonier etait-il content! Comme il remerciait
le colonel et les autres officiers qui t'ont juge!
UN CAMARADE.--Et ce gueux d'Alcide a-t-il crie, jure! Quelle canaille!
FREDERIC.--Prions pour lui, mes bons amis; j'ai demande a M. l'aumonier
une messe pour la conversion de ce malheureux. Puisse-t-il se repentir
et mourir en paix avec sa conscience!"
XXVII
BATAILLE ET VICTOIRE
Le colonel avait prevu juste. Trois jours apres le jugement, un signal
d'alarme reveilla le regiment au milieu de la nuit. Un avant-poste
annonca qu'un flot d'Arabes approchait; en peu d'instants les deux
escadrons furent sur pied et en rang; les Arabes debusquaient sans bruit
d'un defile dans lequel le colonel ne voulut pas s'engager, sachant que
l'ennemi couronnait les cretes. Ils croyaient surprendre la place; mais
ce furent eux qui se trouverent surpris et enveloppes avant d'avoir
pu se reconnaitre. On en fit un massacre epouvantable; on y fit des
prodiges de valeur. Le colonel s'etant trouve un instant entoure seul
par un groupe d'Arabes, Frederic accourut et sabra si bien de droite et
de gauche qu'il reussit a le degager, a blesser grievement et a faire
prisonnier le chef de ce groupe. Dans un autre moment, il vit son
marechal des logis accule contre un rocher par six Arabes contre
lesquels il se defendait avec bravoure. Frederic tomba sur eux a coups
de sabre, en etendit trois sur le carreau, blessa et mit en fuite le
reste, et emporta le marechal des logis, qui etait blesse a la jambe et
ne pouvait marcher. Le lendemain, il fut encore mis a l'ordre du jour et
il recut les galons de brigadier.
M. Georgey triomphait des succes de son protege et dit au colonel apres
la bataille:
"J'avais toujours regarde dans une lunette d'approche. J'avais vu tout
de sur mon toit.
LE COLONEL.--Comment? Ou etiez-vous donc?
M. GEORGEY.--J'avais monte bien haut sur le t
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