oiture. Je voyais tres
bien. C'etait joli en verite. Fridric venait, allait, courait, tapait
par tous les cotes. C'etait un joli battement. Moi avais jamais vu
batailler. C'etait beau les soldats francais. C'etait comme un regiment
de lions. J'aimais cette chose. Je disais bravo les lions!"
L'execution d'Alcide eut lieu huit jours apres ce combat. Il mourut
en mauvais sujet et en mauvais soldat, comme il avait vecu. Il refusa
d'ecouter l'aumonier. Ses dernieres paroles furent des injures contre
ses chefs et contre Frederic. Personne ne le regretta au regiment.
M. Georgey resta deux mois avec le colonel, puis il alla pres d'Alger
pour etablir des fabriques. Il y reussit tres bien; deux ans apres il
alla passer quelque temps a Alger.
Un jour qu'il visitait un des hopitaux francais, en traversant une des
salles, il s'entendit appeler; il approcha du lit et reconnut Frederic;
mais ce n'etait que l'ombre du vigoureux soldat qu'il avait quitte deux
ans auparavant. Maigre, pale, affaibli, Frederic pouvait a peine parler.
Il saisit la main de son ancien defenseur et la serra dans les siennes.
M. GEORGEY.--Quoi tu avais, malheureuse? Toi etais ici dans un hopital?
FREDERIC.--J'y suis depuis trois mois, Monsieur; je suis bien malade
de la fievre, qui ne veut pas me quitter. Si je pouvais changer d'air,
retourner au pays, il me semble que je guerirais bien vite.
M. GEORGEY.--Il fallait, mon brave Fridric; il fallait.
FREDERIC.--Mais je ne peux pas, Monsieur; c'est difficile a obtenir, et
je ne connais personne qui puisse faire les demarches necessaires.
M. GEORGEY.--Et le brave colonel?
FREDERIC.--Le regiment a ete envoye a Napoleonville, Monsieur. J'en suis
bien loin.
M. GEORGEY.--Et quoi tu es? brigadier toujours?
FREDERIC.--Non, Monsieur, je suis marechal des logis et porte pour la
croix; mais je crains bien de ne jamais la porter.
M. GEORGEY.--La croix! Marechal des logis! C'etait joli! Marechal
des logis et la croix a vingt et un ans! Je demandais pour toi; je
obtiendrai; je t'emmener avec moi! Je te mener a Madme Bonarde."
Frederic lui serra les mains; son visage rayonna de bonheur. Il le
remercia chaudement.
Huit jours apres, M. Georgey lui apportait un conge d'un an. Il s'occupa
ensuite du passage sur un bon batiment et des provisions necessaires
pour le voyage. Quinze jours plus tard, M. Georgey et Frederic
debarquaient a Toulon. Ils n'y resterent que vingt-quatre heures, pour y
prendre quelq
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